LVII. Les Massaliens ou Euchites,
LVII. La dernière hérésie dont Epiphane fasse mention, est celle des Massaliens, nom syrien que les Grecs rendent par celui d'Euchites (eukhitai) à cause de leur manière de prier. Le Seigneur avait dit : « Il faut prier a toujours et ne pas se lasser1 ». L'Apôtre avait dit aussi : « Priez sans cesse2 ». Ce qui signifie évidemment qu'il ne faut passer aucun jour sans consacrer à la prière quelques moments. Les Massaliens ont tellement pris à la lettre cette recommandation, qu'on a cru devoir, pour cela, les ranger parmi les hérétiques. Néanmoins, si l'on ajoute foi au dire de certains auteurs, ils racontaient, sur la purification des âmes, je ne sais quelle fable fantastique et ridicule : ainsi, par exemple, quand un homme est purifié, on lui voit sortir de la bouche une laie avec ses petits, et, aussitôt après, un globe de feu entre visiblement en lui, et ne le consume pas. Epiphane leur assimile et comprend dans la même secte les Euphémites, les Martyriens et les Sataniens. Les Euchites prétendent que les moines ne peuvent et ne doivent rièn faire, même pour subvenir aux nécessités de la vie, et qu'on ne se montre véritablement moine qu'en s'abstenant de tout travail.
L'évêque de Chypre, dont il a été tout à l'heure question, termine ici son ouvrage sur les hérésies. Cet écrivain jouit d'une grande réputation parmi les Grecs; on le regarde généralement comme très-exact en fait de doctrine catholique. Dans la nomenclature des hérétiques et l'exposition de leurs erreurs, j'ai suivi l'ordre adopté par lui, mais non sa méthode ; ajoutant ici , d'après d'autres, ce qu'il n'a pas dit, retranchant ailleurs ce dont il a fait mention, m'étendant sur un point, abrégeant sur un autre, imitant parfois sa brièveté, suivant, en tout, le plan que je m'étais tracé. Selon sa manière de voir, les hérésies sont au nombre de quatre-vingts : il en compte vingt avant la naissance du Sauveur et soixante depuis son Ascension. A ces dernières il a consacré cinq livres extrêmement courts, et pour toutes il a fait les six livres dont se compose son ouvrage tout entier. Pour moi, je me suis conformé à ta demande, et je t'ai rappelé toutes les hérésies qui se sont déclarées, même sous ombre de Christianisme, contre la doctrine de Jésus-Christ, depuis le jour où il a été glorifié. De toutes les hérésies citées par Epiphane, j'en ai cité cinquante-sept, — de deux qui me semblaient pareilles, n'en faisant qu'une, et indiquant, sous des chiffres différents, celles qu'il avait réunies en une seule, mais qui me paraissaient soutenir des erreurs diverses. Il me reste maintenant à énumérer toutes les sectes indiquées par d'autres écrivains, ou dont j'ai moi-même souvenance. Voici celles que nomme Philastre, et qu'Epiphane n'a pas mentionnées.
