LXXXII. Les Jovinianistes,
LXXXII. J'ai trouvé, dans le même ouvrage, le nom des Jovinianistes, que je connaissais déjà. Un moine, appelé Jovinien, a établi cette secte de notre temps, lorsque nous étions encore jeune. Comme les Stoïciens, il soutenait que tous les péchés sont égaux ; que l'homme ne peut plus commettre de péchés après avoir été régénéré dans les eaux du baptême ; que le jeûne et l'abstinence de certaines viandes ne sont d'aucune utilité. Il anéantissait la virginité de Marie, puisqu'il disait qu'elle avait été souillée par l'enfantement. La virginité religieuse et le célibat saintement observés n'ont pas plus de mérite devant Dieu pour ceux qui les embrassent, que l'état du mariage, lorsqu'on s'y conduit avec chasteté et fidélité. Aussi vit-on à Rome, où il prêchait cette doctrine, des vierges sacrées, déjà avancées en âge, renoncer à leur état pour se marier. Quant à Jovinien, il n'avait ni ne voulait avoir d'épouse, non qu'il prétendit en avoir plus tard devant Dieu un plus grand mérite pour la vie éternelle, mais parce que, à cause de la nécessité présente, le célibat évite à l'homme les embarras et les soucis du mariage,. Cependant cette hérésie fut étouffée et disparut bientôt, n'ayant pas même réussi à tromper quelques prêtres.
