7.
Comment donc pouvez-vous appuyer votre comparaison de l'exemple d'Elisée qui a ressuscité un mort en soufflant sur son visage1? Supposez-vous que le souffle d'Elisée est devenu l'âme même de l'enfant? Je n'ose supposer une telle aberration de votre part. Cet enfant avait été frappé de mort quand son âme lui fut ravie; il ressuscita ensuite parce que cette même âme lui fut rendue. Et vous nous dites qu'Elisée ne subit aucune diminution dans sa nature n, comme si jamais on avait pu supposer que, pour faire revivre cet enfant, le Prophète lui eût insufflé une partie de sa substance ? Que si vous n'avez d'autre but que de nous dire qu'Elisée a soufflé sans porter aucune atteinte à son intégrité, pourquoi, dans cet acte du Prophète ressuscitant un mort, nous faire remarquer ce qui se fait toujours, même quand il ne s'agit pas de ressusciter un mort? Puisque vous n'admettez pas que le souffle d'Elisée ait pu devenir l'âme de l'enfant, et en cela vous avez raison, je m'étonne que vous ayez poussé l'imprudence jusqu'à soutenir qu'entre l'acte primitif de Dieu et celui d'Elisée il y a cette différence que Dieu n'a soufflé qu'une fois, tandis que le.Prophète a soufflé trois fois. Voici vos propres paroles : «Elisée souffla sur le visage du fils de la Sunamite, comme Dieu avait primitivement soufflé sur le premier homme. Par la puissance divine dont ce souffle n'était que l'instrument, les membres morts reprirent leur première vigueur; mais Elisée ne subit aucune diminution dans sa nature., quoique ce soit par son souffle que l'âme et l'esprit reprirent possession de ce cadavre; la seule différence que j'observe, c'est que Dieu ne souffla qu'une seule fois sur le visage du premier homme qui vécut aussitôt, tandis qu'Elisée souffla par trois fois sur le visage du mort, et alors seulement celui-ci recouvra la vies. Si l'on prend vos paroles à la lettre, on conclura que la seule différence entre l'acte de Dieu et celui du Prophète réside uniquement dans le nombre de fois que le souffle fut émis. Et c'est là encore une erreur que vous devez corriger. En effet, ce qui distingue l'oeuvre de Dieu du miracle opéré par Elisée, c'est que Dieu a soufflé le souffle de vie par lequel l'homme est devenu une âme vivante, tandis que le souffle d'Elisée n'était ni animé, ni vivant, et simplement une figure. Il est vrai que cet enfant a recouvré la vie, mais ce n'est point le Prophète qui la lui a rendue directement et par sa propre puissance, Dieu seul a été l'auteur de cette résurrection, quoique pour l'accorder il se soit laissé toucher par l'amour et les supplications de son Prophète, Quant à ce triple souffle que vous prêtez à Elisée, ou vos souvenirs vous trompent, ou vous avez été trompé par un texte altéré. Pourquoi insister davantage? Pour corroborer votre thèse, ne cherchez ni exemples, ni arguments ; bien plutôt changez de doctrine et d'opinion. Gardez-vous donc de croire, de dire et d'enseigner que ce n'est pas du néant mais de sa propre nature que Dieu a tiré l'âme humaine » ; à ce prix seulement vous serez catholique.
IV Rois, IV, 34, 35. ↩
