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Quant à ces erreurs et autres semblables que vous pourrez découvrir dans vos écrits en y apportant une étude plus soutenue, que vous permettent vos loisirs, corrigez-les sans délai, si vous êtes sincèrement catholique, c'est-à-dire si c'était bien votre pensée que « vous exprimiez en disant que vous n'êtes point crédule à votre égard jusqu'à vous flatter qu'on puisse approuver ce que vous avancez; que vous êtes tout disposé à renoncer à votre opinion, s'il vous est démontré qu'elle est erronée ; et enfin que, après vous être condamné vous-même , vous vous attacherez immédiatement à la doctrine la plus sage et la plus vraie ». Hâtez-vous de prouver, mon très-cher, que ces paroles n'étaient point un mensonge sur vos lèvres; c'est alors que l'Eglise catholique se réjouira de trouver non-seulement du talent, mais un talent prudent, pieux et modeste, quand elle pouvait craindre en vous l'obstination chicaneuse et les ardeurs insensées de l'hérésie. C'est maintenant qu'il s'agit pour vous de réaliser, si elles étaient sincères, les protestations dont vous faisiez suivre les excellentes paroles que je viens de citer : «Comme c'est faire preuve de sagesse et de prudence de suivre sans difficulté le parti de la vérité, ce serait montrer de la folie et de l'obstination que de ne pas se ranger immédiatement du côté de la raison1 ». Faites donc preuve de sagesse et de prudence, et vous suivrez sans difficulté le parti de la vérité ; ne montrez ni folie ni obstination, et vous vous rangerez immédiatement du côté de la raison. Si de telles protestations sont sincères de votre part, si elles étaient formulées dans toute la franchise de votre coeur, et pas seulement sur vos lèvres, vous repousseriez avec horreur tout retard dans l'oeuvre si belle de votre conversion. C'était peu de dire : «C'est le propre d'un esprit méchant et obstiné de ne vouloir pas courber sous le joug de la raison »; si vous n'ajoutiez : «De ne vouloir pas courber aussitôt ». C'est ainsi que vous lanciez la malédiction contre celui qui se refuse toujours à cette noble entreprise; puisque celui qui se contente d'y opposer des retards vous parait mériter à juste titre la note infamante de méchanceté et d'obstination. Soyez donc conséquent avec vous-même, et surtout goûtez les fruits de votre propre langage, vous n'hésiterez point alors à vous jeter éperdument dans le sentier de la raison, plutôt que de vous laisser imprudemment détourner de la bonne voie en succombant aux écueils de votre âge.
Liv. II, n. 22. ↩
