4.
Une telle opinion ne doit-elle pas disparaître devant l'énergie de ces paroles : « Qui lui a donné quelque chose le premier pour en prétendre récompense? car tout est de lui, tout est par lui, tout est en lui1 ». Le commencement même de la foi de qui nous vient-il, si ce n'est de Dieu ? Ce commencement serait-il excepté de ces paroles : « Tout est de lui, tout est par lui, tout est en lui ? » Dira-t-on. que celui qui déjà a commencé de croire, n'a acquis aucun mérite aux yeux de Celui en qui il a cru; que par conséquent, ce n'est plus qu'à titre de récompense que ; la libéralité divine nous accorde les autres,. biens; et que dès lors la grâce de Dieu ne nous est plus donnée que selon nos mérites, pro. position que Pélage a dû condamner, pour s'épargner à lui-même la condamnation dont il était menacé ? Le seul moyen, dès lors, d'échapper entièrement à cette proposition ; condamnable, c'est de prendre dans son sens véritable cette parole de l'Apôtre : « C'est une grâce qu'i1vous a faite en vue de Jésus-Christ, non-seulement de ce que vous croyez en lui, mais encore de ce que vous souffrez pour lui2 ». Croire et souffrir ce sont donc li deux choses qui ne sont en nous que par un don spécial de Dieu. L'Apôtre ne dit pas : De ce que vous croyez en lui d'une manière plus entière et plus parfaite; mais simplement : « De ce que vous croyez en lui ». Ailleurs saint Paul proclame qu'il a obtenu miséricorde, et non point pour devenir plus fidèle, mais pour être fidèle3; car il savait que ce n'était pas lui qui le premier avait offert à Dieu le commencement de la foi, pour en recevoir l'augmentation ; mais que, s'il était devenu fidèle, c'était par le don gratuit de Celui qui l'avait appelé à l'apostolat. Le commencement de sa foi nous est décrit dans un livre très-connu, et dont nous faisons solennellement la lecture dans nos temples. Adversaire déclaré, et persécuteur de cette foi qu'il voulait détruire, il l'embrasse tout à coup sous l'action d'une grâce plus puissante que sa volonté même. C'est ainsi qu'il se convertit à la foi de Celui à qui le Prophète adressait ces paroles : « En a nous convertissant vous nous vivifierez4 ».Non-seulement donc Paul veut croire après avoir refusé de croire, ruais après avoir persécuté cette même foi, il souffrira lui-même persécution pour la propager et la défendre. C'est ainsi qu'il avait reçu de Jésus-Christ la grâce, non-seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui.
