15.
Dans l’état où vous êtes, comment feriez-vous des bonnes oeuvres? Vos yeux, obscurcis par des couleurs empruntées, ne voient pas l’indigent. Vous êtes riche, et vous croyez célébrer le jour du Seigneur, vous qui passez devant le tronc sans le regarder, qui (333) n’apportez jamais votre part au sacrifice et qui participez à l’offrande du pauvre. Considérez dans l’Évangile cette veuve imbue des préceptes divins qui, malgré sa détresse, trouvait le secret de faire une bonne oeuvre et jetait dans le tronc les deux oboles qui lui restaient. Le Seigneur la remarqua, et jugeant la valeur de son offrande, non d’après la somme mais d’après l’intention:
En vérité, dit-il, cette femme a versé plus que tous les autres dans ter trésors de Dieu; car les autres ont donné de leur superflu, mais elle a pris sur son nécessaire, sur sa propre nourriture (Luc, XXXI). Heureuse femme! quelle gloire pour elle d’avoir mérité les louanges du juge avant le jour du jugement! Oh! que les riches doivent avoir honte de leur avarice et de leur insensibilité, en voyant une veuve, et une veuve pauvre, donner avec tant de largesse! Les aumônes sont destinées aux orphelins et aux veuves: elle devait donc recevoir; et pourtant elle donne. Nous voyons par là quel châtiment subiront les riches avares, puisque, d’après l’exemple que nous offre l’Évangile, les pauvres eux-mêmes ne sont pas dispensés des bonnes oeuvres. Afin de nous faire comprendre que ces dons sont offerts à Dieu, et qu’en y contribuant on. mérite Dieu, le Christ se sert de cette expression : les trésors de Dieu; par là se manifeste davantage la vérité de ces paroles : Celui qui a pitié du pauvre prête à Dieu (Prov., XIX.).
