5.
« La grâce est répandue sur vos lèvres, et pour cela Pieu vous, a béni pour l’éternité. » Dans la Vulgate au lieu de « vous a béni, » il y a : « vous a loué; » mais il faut remarquer que cette faute des copistes ne doit pas être imputée aux Septante, qui se trouvent ici d'accord aven le texte hébreu. Quel est le sens de ces mots : « Sa grâce est répandue sur vos lèvres? » L'Evangile nous l’explique : « Jésus, » y est-il dit « croissait en âge, en sagesse et en grâce devant, Dieu et devant les hommes ; » et ailleurs : « Quand il eux fini de parler, on admirait son éloquence, pleine de grâce et d'onction; » et, plus loin encore : « Il était maître de ses paroles. » Noé, Moise et les prophètes trouvèrent pendant leur vie grâce devant le Seigneur mais tout le trésor de la grâce était répandu. sur les lèvres du. Sauveur, et en peu de temps elle remplit tout l'univers; et lui s'avança comme l'époux qui sort de. la couche nuptiale. Il était descendu du ciel et il est remonté aux cieux. La Vierge Marie est saluée du nom de «pleine de grâces, » pour avoir conçu celui qui, sous son enveloppe terrestre, recèle toute la plénitude de la divinité. L'Apôtre, convaincu que la puissance de Dieu seule, et non une éloquence profane, avait pu donner à sa prédication la supériorité sur toutes les doctrines de ce monde, s'écrie : « Mes discours et ma prédication ne s'appuient pas sur les moyens, de persuasion de la sagesse humaine, mais sur la manifestation de l'esprit et de la puissance de Dieu. C'est dans cette puissance, et non dans la sagesse des hommes, que nous devons placer notre confiance. « Se reprenant lui-même d'avoir dit : « J'ai fait plus à moi seul que tous les autres,» il ajoute aussitôt: « Tout cela est du non à moi, mais à la grâce de Dieu qui est en moi, et plus loin : « La grâce de celui qui est en moi n'a pas été vaine. » C’est aussi par rapport au Sauveur que le mot « répandu » a été employé, pour exprimer le don de la grâce qui lui a été fait, suivant ce qui est écrit : « Je répandrai mon esprit sur toute chair. L'amour de Dieu est répandu dans les coeurs. » Remarquons que dans le texte il n'y a pas un mot qui ne s’applique au fils de Marie. En effet, il y est appelé « béni dans tous les siècles; » or, c'est ainsi que l'Apôtre l'a annoncé : « Il s'est humilié ; il s'est résigné à l’obéissance jusqu'à la mort sur la croix ; et c'est pour cela que Dieu l'a élevé et lui a donné un nom: au-dessus de tous leu autres noms. » Humilité d'apparence, outrages de la Passion, apothéose et retour près du Père avec un titre glorieux, tout est dans ces mots. Ainsi donc, cette effusion de grâce et de bénédiction dont parle le texte n'appartient qu'à celui qui peut passer de l'abaissement au triomphe.
« Armez votre flanc de votre glaive, ô puissant roi; revêtez-vous, de votre éclat et de votre beauté. » L'hébreu porte : « Revêtez-vous de votre gloire et de votre majesté. » Je pense que vous comprenez parfaitement ce passage, et que pour combattre vous vous armez du glaive de Jésus-Christ. Sachez que la virginité a toujours l’arme de la pudeur pour anéantir les voluptés et pour dompter les passions. Les fables des païens eux-mêmes supposaient des armes aux vierges, leurs déesses. Pierre ceignit ses reins et se munit d'un flambeau allumé. Le mot « flanc » (femur) signifie métaphoriquement : la fécondité du mariage ; quelques exemples vont vous le démontrer. Abraham, envoyant chercher une épouse, pour son fils Isaac, dit au plus ancien serviteur de sa maison : « Place ta main sur mon flanc, et tu prendras le Seigneur à témoin de ton serment.» De là plus de doute qu'il ne dût naître un rejeton de son sang. Jacob, quittant la Mésopotamie pour entrer sur la terre promise, lutta avec un homme qui lui était apparu près du torrent de Jobac, et reçut le nom d’Israël après que le nerf de son « flanc» se fut desséché. Il dit à son fils : « Le sceptre appartiendra à Juda, et le chef naîtra de ses flancs. » Et lui-même, à son lit de mort, fait jurer à Joseph « sur son flanc » de ne pas l'ensevelir en Egypte. Nous lisons encore au livre des Juges : « Gédéon eut soixante-dix fils qui sortirent de son flanc ; » et dans le Cantique des antiques. : « C'est là le trône de Salomon. Soixante guerriers l'entourent, choisis parmi les forts d'Israël, tous armés de glaives, tous forts dans les combats. Une épée est placée sur son flanc. » C'est donc pour mortifier les appétits de la chair que le Sauveur se revêt de son éclat et de sa beauté divine, et le fils d'une vierge offre aux vierges à venir la modèle de la virginité.
