3.
Le titre de ce psaume a directement en vue ceux qui doivent être transformés à la fin des siècles, et à propos desquels l’Apôtre a dit : « Nous nous endormirons tous dans ce tombeau , mais nous ne serons pas tous changés. » J'insiste sur ce sens obscur pour préparer le lecteur à l' intelligence des choses spirituelles. En effet , partout où le sens est simple et clair, à quoi bon aider l’intelligence de ceux qui comprennent, et dire à celui qui a des oreilles. Entendez? Le cantique s'adresse au bien-aimé, car c'est par lui que les saints obtiendront la transformation qui leur est promise. Cette transformation peut se concevoir même pour cette vie, lorsque, dépouillant le vieil homme et revêtant l’homme nouveau, nous nous régénérons dans la science et nous approchons de l'image du Créateur; puis lorsque, à force de contempler la gloire de Dieu, nous nous transfigurons en cette même image, passant comme d'un état glorieux à un état plus glorieux encore. Il n'est pas d'instant où (homme saint ne change, en oubliant le passé et en s'élevant dans l’avenir. Et à nous aussi notre être intime se renouvelle de jour en jour. Dieu lui-même, cet être immuable, qui a dit par la bouche du prophète: « Je suis Dieu et je ne change pas, » Dieu a changé de forme à cause de nous, et il a emprunté celle de son serviteur. Passant de la terre de Juda sur celle des: Philistins, dont le nom accuse les vices (ce peuple s'était enivré dans les coupes d'or de Babylone), il a été d'abord bafoué pour ce qu'ils appelaient la folie de la croix, puis accueilli à cause de l'éclat de son triomphe. bien-aimé est celui qu'Isaïe chante en ces termes : « Je chanterai pour mon ami le cantique de ma vigne; » et celui dont l'Évangile a dit : « Celui-ci est mon fils bien-aimé dans le quel j’ai mis toute ma complaisance; écoute sa voix. » Ce n'est plus un prophète qui chante maintenant ses louanges, mais tout le chœur des fils de Corée. Nous examinerons dans le quarante-unième psaume ce que sont ces fils de Corée, c'est-à-dire du Calvaire. Pour nous assurer que le texte du cantique est d'accord avec son titre, remarquons qu'il change de sujet à l'endroit où le prophète engage la jeune fille à abandonner son vieux père pour se rendre digne de la tendresse du roi. L'homme qui a partagé la victoire et le triomphe du Seigneur, et qui a offert à Jésus-Christ ses bonnes oeuvres unies à de nombreuses vertus, comme une couronne glorieuse et impérissable, cet homme comprendra facilement que le vainqueur est celui qui a dit: «Ayez bon courage, j'ai vaincu le monde, » et celui encore à qui s'adressent ces paroles d'un enfant : « De vous viennent la victoire, la sagesse et la gloire; vous êtes mon Seigneur et mon Dieu. »
« Mon cœur n'a pu contenir la parole heureuse. »Au lieu de ces mots, Symmaque traduit: « Mon cœur a été ému par la parole heureuse. » Cette version supposerait que le cœur du prophète a été ému par ce qu'il vient d'entendre, et que le Saint-Esprit lui révélant les mystères futurs du Christ, il éclate à son tour en louanges afin de rivaliser d'efforts pour célébrer son arrivée. La métaphore qu'emploie l’Ecriture (ructus) exprime l'haleine bruyante qui s'échappe d'une poitrine oppressée après un copieux festin. De même qu'elle est l'indice du plus ou moins de délicatesse des aliments, de même aussi les pensées les plus intimes se répandent en paroles, et la bouche trahit les sentiments dont le cœur est plein. Le juste alimente en quelque sorte son âme; et quand elle est nourrie des saintes Ecritures, il ne peut s'exhaler des trésors d'une belle âme que de belles et saintes paroles. Alors il s'écrie avec l'Apôtre : « Cherchez-vous la preuve que le Christ parle en moi? » Quelques commentateurs ont trouvé dans ce verset une allusion à la personne du Père, parce qu'il a tiré du fond de son être; des abîmes de son cœur le Verbe qui avait toujours été en lui, suivant cet oracle d'un autre psaume : « Je l'ai enfanté de mes entrailles avant la lumière du jour. » Le mot « entrailles » est pris ici symboliquement, car Dieu ne se compose pas de parties séparées, mais l'essence du Père et du Fils le constitue. «Le « coeur » et la « parole qui s'échappe du cœur» sont aussi des figures qui désignent le Père et le Fils. Cette interprétation est favorisée parle texte du verset suivant : « Je dédie mon ouvrage au roi, » et par ces mots : - Il dit et tout fut fait; il ordonna et tout fut créé , » c'est-à-dire que le Fils est né de la parole du Père. En effet, tout ce que le Père fait, le Fils le fait également, et ce dernier n'est que la puissance exécutive du Père qui demeure en lui.
