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«Marchez à la victoire et élevez-vous à la domination. Faites briller la vérité, la clémence et la justice. Votre droite se signalera par des merveilles. « L’hébreu porte : « Dans votre majesté montez sur votre char de triomphe. Faites briller la vérité et une justice pleine de clémence. Votre droite se signalera par des merveilles. »
Dans le texte le mot « majesté » se trouve répété deux fois; et ne croyez pas que ce soit une erreur des copistes, mais c'est une figure de rhétorique appelée épétition. De même, que dans les panégyriques l’orateur interpelle d'habitude celui dont il fait l'apologie, ici le prophète appelle le Seigneur au combat, afin que, resté maître du champ de bataille et foulant aux pieds après la victoire les bataillons ennemis, il établisse son empire sur ceux qu'il a arrachés à la domination du démon, et les range à son autorité. Il pourra dire alors: « J'ai été sacré roi par lui sur sa sainte montagne. » Qui peut douter que, la « clémence. » la « vertu» et la «justice » désignent le Christ ? lui qui a dit: « Je suis la voie, la vérité, et la vie. Écoutez ma parole, car je suis doux et humbles de coeur. Dieu a fait de moi pour vous la justice, la rédemption et la sainteté même. » Ce qui a été dit pour le corps, il le faut étendre à tous les membres; une victoire de Dieu est un triomphe pour ses serviteurs; la science du maître tourne au profit des disciples. « Votre droite se signalera par des merveilles. » Ces mots doivent s'entendre des prodiges que le Christ a opérés dans l’Evangile, ou de l’extermination dont il a frappé ses ennemis. Il tient dans sa main «droite » le coeur du sage et dans sa main gauche le coeur de l’insensé. Le Christ est assis à la « droite » du Père et l’Antechrist à sa gauche. La version hébraïque diffère quant aux mots, mais ne diffère pas pour le sens.
« Vos flèches saut aiguës, ô Tout Puissant! Les peuples tomberont à vos pieds ; elles perce tout le coeur des ennemis de mon roi. » A part le mot « tout-puissant, » le texte hébreu est, conforme. Ce verset s'applique à vous, Principia, à vous qui, blessée parle trait du Seigneur, chantez avec l'épouse du Cantique des cantiques : « Je languis, blessée d'amour. » Il ne faut pas s'étonner que votre époux soit armé de traits nombreux qui, suivant l’expression du psaume cent dix-neuvième, « dévorent comme des charbons ardents; » car lui-même est la flèche du Seigneur, ainsi qu'il le déclare dans Isaïe: « Il m'a placé comme une flèche choisie. et m'a caché dans son carquois. » Cléophas et son compagnon, blessés par ces traits sur le chemin,s'écriaient : « Ne sentions-nous pas notre cœur brûler au-dedans de nous, tandis qu'il s'entretenait en marchant avec nous et qu'il nous expliquait les Ecritures? » On lit encore dans un autre endroit : « Comme des flèches dans des mains puissantes, ainsi seront les enfants des opprimés » Ces traits subjuguèrent et blessèrent l'univers entier. Ce fut aussi une « flèche » du Seigneur ce Paul qui, après avoir été lancé par son arc de Jérusalem en Illyrie, et avoir parcouru mainte contrée, se hâte d'aller vers l’Espagne, et, comme une « flèche » rapide, abat aux pieds de son maître l'Orient et l'Occident. Tels que le cerf dont un épieu aigu déchire le flanc, les ennemis nombreux du Seigneur sont atteints des « flèches » brûlantes du démon; mais Dieu, de son côté, darde dans leur coeur ses, traits « dévorants comme des charbons ardents, »afin d'en calciner la corruption, et de remplacer par une flamme salutaire le feu dévastateur.
