LIVRE TROISIÈME.
A UN PÈRE CHRÉTIEN.
Analyse
Dans le troisième livre, saint Chrysostome entreprend de prouver aux pères chrétiens qu’ils ont tort d’empêcher leurs fils d’embrasser la vie monastique. — Il u convaincu le père infidèle avec les seules ressources de la raison et de la philosophie profane l’Ecriture sainte—sera son principal secours contre le père chrétien. — Avant tout, afin de rendre le coeur et l’oreille de son contradicteur plus dociles à recevoir les enseignements qu’il va développer, il lui rappelle le Jugement dernier et les peines de l’enfer, brièvement mais vigoureusement décrits. — Les Chrétiens sont tenus de veiller au salut de leur prochain; textes de saint Mathieu et de saint Paul cités à l’appui de cette thèse générale. — ils sont tenus à bien plus forte raison de veiller au salut de leurs enfants. — Exemple du grand-prêtre Héli; l’écrivain ou, pour mieux dire , l’orateur raconte et commente éloquemment cette histoire, d’où il conclut que Dieu punit souvent dès cette vie les pères qui élèvent mal leurs enfants, ainsi que les enfants mal élevés. — Dieu a fait des lois positives pour la bonne éducation des enfants. — Textes de l’Exode, de la Genèse, de l’Epître aux Ephésiens, et de l’Epître à Timothée. — L’auteur va au-devant d’une objection, et dit que ceux qui auront violé ces lois de Dieu n’auront aucune excuse, parce que c’est volontairement que nous devenons bons ou mauvais.— Autre objection : Ne peut—on se sauver en demeurant dans une ville, en habitant une maison, avec une femme et des enfants? — Concession : il est vrai qu’il y a de nombreux degrés de salut, saint Paul le déclare : Autre est l’éclat du soleil, autre l’éclat de la lune, autre l’éclat des étoiles, etc. — Mais que faut-il en conclure, sinon qu’un père doit faire en sorte que son fils arrive dans la cour du Roi des rois au plus grand éclat possible ? — Au lieu de cela les pères, trop souvent, ne font pas même connaître à leurs enfants la loi de Dieu. — ils ne leur apprennent que deux choses : l’amour de l’argent et l’amour de la vaine gloire. — Ces deux amours sont deux tyrans pernicieux; l’âme qu’ils ont une fois saisie ne peut plus s’en débarrasser que dans la solitude. — Exemple des Hébreux que Dieu conduisit au désert comme dans un monastère pour les guérir de ce double mal qu’ils avaient rapporté d’Egypte. — Les pères ne s’en tiennent pas là, mais ils infectent les âmes de leurs enfants de certaines maximes qui ont cours dans le monde et qui contredisent formellement la morale de l’Evangile. — Il est un crime plus abominable que tous les autres, que l’auteur n’a pas encore osé nommer, tant il lui inspire d’horreur, tant il outrage la nature. — Cependant il est obligé d’en parler: les médecins ne guérissent pas une plaie sans y toucher; d’ailleurs le règne hideux de ce vice abominable, si répandu dans la ville d’Antioche, est un motif bien puissant pour porter à la vie monastique. — Ce crime, c’est celui des Sodomites. — Peinture effrayante de la dépravation des moeurs dans la ville d’Antioche : rien n’était plus propre à faire aimer le désert que cet affreux tableau. — Autre objection : Mais si tout le monde embrassait la vie chrétienne dans sa perfection, toutes les choses de ce monde s’en iraient en décadence, la société périrait. — Réponse : Les dangers qui menacent la société ne viennent pas de ce côté : cette pensée est développée très-éloquemment dans un parallèle entre le mondain et le chrétien. — De là deux tableaux, l’un de la société mondaine, l’autre de la société monastique. — Autre objection : Il est bon, disent certains pères de famille, de faire étudier les lettres et l’éloquence aux enfants, avant de les laisser s’engager dans la vie monastique. — Réponse : Les bonnes moeurs valent mieux que l’éloquence; l’éloquence sans l’honnêteté est un grand mal; nécessité des bonnes moeurs pour acquérir la science et l’éloquence ; l’éloquence n’est pas indispensable, même à l’exécution des plus grandes choses; les Apôtres n’en ont pas eu besoin pour convertir le monde.— Histoire d’un jeune homme élevé par un moine : saint Chrysostome consent à ce que ceux qui peuvent suivre dans le monde la perfection chrétienne y demeurent mais ceux qui en sont capables sont très-peu nombreux. — Il est plus facile de se sauver moine que séculier. — Pour les moines elles séculiers les préceptes sont les mêmes. — Le véritable père est celui qui s’occupe du salut de son fils. — Celui qui donne son bien, comme le moine, en est plus véritablement le maître que celui qui entasse ses richesses.— Nécessité de contracter l’habitude de la vertu dès le jeune âge. — Histoire d’Anne et de Samuel. — Péroraison du troisième livre, exhortation aux parents d’élever chrétiennement leurs enfants.
