20.
Je te cède pour le moment, lui dis-je, de peur qu'un sujet si obscur et qui veut être traité plus longuement et avec plus de soin, ne nous éloigne maintenant du but proposé. Mais puisque nous avons défini ce que c'est qu'être en Dieu, voyons si nous pourrons savoir aussi ce que c'est qu'être sans Dieu. Je crois même que la chose est déjà suffisamment claire, car il te paraît sans doute qu'être sans Dieu c'est n'être pas avec Dieu. — Si les paroles venaient à mon gré, répondit-il, je pourrais te faire une réponse qui ne te déplairait point. Mais je t’en prie, aie pitié d'un enfant, et saisis ma pensée avec la pénétration qui convient à ton esprit. Il me semble donc qu'alors on n'est pas avec Dieu, et que toutefois on est en la possession de Dieu. Et comment appeler sans Dieu ceux qui sont à Dieu même? Je ne dirai pas non plus qu'ils sont avec Dieu, car. Dieu n'est pas en leur possession.. En effet, posséder Dieu, ainsi que nous en convînmes dans cet entretien si agréable que nous eûmes le jour de ta naissance, ce n'est autre que jouir de Dieu1. Mais j'avoue que je redoute ces propositions contraires comment se peut-il qu'un homme ne soit ni sans Dieu ni avec Dieu ?
Ci-dessus, de la Vie bienheureuse, n. 34. ↩
