19.
Après le repas, comme des nuages couvraient le ciel, nous allâmes nous asseoir, à l'ordinaire, dans la salle des bains. Ainsi donc, dis-je à Licentius, tu accordes que le mouvement n'est que le passage d'un lieu dans un autre? — Je l'accorde, répondit-il. — Tu accordes aussi, repris je, que nul n'est dans un lieu où il n'était pas d'abord sans avoir fait un mouvement? — Je ne comprends pas. — Si, dis-je, une chose, qui était d'abord en un lieu, est maintenant dans un autre, n'est-ce point parce qu'il y a eu mouvement? Il l'accorda. Donc, repris je, le corps vivant d'un sage pourrait être maintenant ici avec nous, et son esprit ailleurs? — Il le pourrait.. — Quand même il s'entretiendrait avec nous et nous enseignerait quelque chose? — Quand même il nous enseignerait la sagesse, reprit-il, mais je ne dirais point que son esprit est avec nous, il serait plutôt avec lui-même. — Alors il ne serait point dans son corps ? — Non, reprit-il. — Je poursuivis : Ce corps sans son esprit ne serait-il pas mort? et je parlais d'un corps vivant. — Je ne sais, dit-il, comment m'expliquer. — je ne sais point comment le corps d'un homme peut être vivant si l'âme n'est point en lui ; et en quelque lieu du monde que soit le sage, je ne puis dire que son âme ne soit point avec Dieu. — Je vais, repris-je, te mettre en état de t'expliquer. C'est probablement parce que Dieu est partout, que partout où le sage puisse aller, il trouve Dieu et peut être avec lui. — Ainsi nous pour irions dire et qu'il passe d'un lieu à l'autre, ce qui est le mouvement, et que néanmoins il est constamment avec Dieu. — J'avoue, répondit-il, que le corps passe d'un lieu à l'autre , mais je le nie quant à l'esprit que nous avons appelé sage.
