25.
Cette science est la loi même de Dieu. Toujours immuable et invariable en lui, elle se grave, pour ainsi dire, dans les âmes des sages. Ils savent que leur conduite est d'autant meilleure, et d'autant plus élevée, que la contemplation de l'esprit leur a mieux fait comprendre cette loi, et que leur genre de vie en est une plus fidèle observation. Or, cette science trace en même temps deux ordres à quiconque veut l'acquérir; l'un est pour la conduite, l'autre pour les études. Tout jeune homme qui est épris de l'amour de cette loi, doit donc éviter les plaisirs de la chair, la sensualité dans la nourriture, les soins exagérés du corps et de la parure, les vaines occupations du jeu, l'appesantissement du sommeil et de la paresse, les rivalités, la jalousie, l'envie, l'ambition des honneurs et du pouvoir, et même le désir immodéré des louanges. Qu'ils regardent l'amour de l'argent comme le venin qui tuera infailliblement toutes leurs espérances; que leurs actions ne ressentent ni la mollesse, ni l'arrogance.
S'agit-il des fautes de leur famille? qu'ils bannissent toute colère, ou la compriment, jusqu'à ne point la laisser paraître. Nulle haine contre personne , nul vice qu'ils ne veuillent corriger. Qu'ils s'observent de manière à n'être ni excessifs dans la vengeance, ni trop réservés dans le pardon. Qu'ils ne punissent que pour améliorer, qu'ils n'aient point d'indulgence qui puisse encourager le mal, qu'ils aiment, comme les membres de leur famille, ceux qu,i sont soumis à leur autorité, qu'ils les servent comme s'ils rougissaient de commander, et qu'ils leur commandent comme s'ils étaient heu ceux de les servir. S'agit-il des fautes des étrangers? qu'ils ne reprennent personne contre son gré, qu'ils évitent les inimitiés avec soin, les supportent de bon coeur, les terminent au plus tôt; dans tout engagement, toute communication avec les hommes , il suffit d'observer cet adage vulgaire : Qu'on ne fasse point à autrui ce qu'on ne veut point endurer. Qu'ils ne consentent point à entrer dans l'administration de l'Etat, avant d'être parfaits, et qu ils deviennent parfaits à l'âge sénatorial, ou mieux encore, dans la jeunesse.
Mais, que nul ne se croie exempt de tout précepte , parce qu'il ne s'en est occupé que dans un âge avancé; l'observation ne lui en sera que plus facile dans l'âge mûr. Qu'en toute condition, en tout lieu, en tout temps, on ait des amis, ou que l'on cherche à s'en faire. Qu'on ait de la déférence pour ceux qui en méritent, et qui même ne s'y attendent pas. Qu'on ait peu d'égards pour les orgueilleux, et que soi-même on évite l'orgueil. Il faut une vie sage et décente : honorer Dieu, s'occuper de lui, le rechercher en s'appuyant sur la foi, l'espérance et la charité; désirer, pour ses études et celles de ses amis, la tranquillité et de solides progrès; pour soi-même et pour tous, s'il est possible, un bon esprit et une vie paisible.
