39.
La raison voulut s'élever ensuite à l'heureuse contemplation des choses divines. Pour ne pas tomber de- haut, elle chercha à monter par degrés et s'ouvrit elle-même une voie à travers le pays qu'elle avait conquis et organisé. Elle voulait voir seule, sans nuages et sans les yeux du corps, la beauté suprême. Les sens y faisaient obstacle. Aussi commença-t-elle à diriger son activité sur ceux d'entre eux qui prétendaient hautement posséder la vérité et qui par leurs cris importuns empêchaient l'essor de la raison. L'oreille disait donc que le langage était de son ressort, et le langage avait déjà servi à former la grammaire, la rhétorique et la dialectique. D'un oeil perspicace, la raison distingua le son de l'idée qu'il exprime. Elle reconnut que l'oreille ne peut juger que du son, et qu'il y en a de trois sortes l'un est la voix de l'être vivant, le second est le bruit des instruments à vent, et le troisième, des instruments à cordes. Le premier est produit par les choeurs des tragédies, des comédies ou d'autres choeurs de musique; le second est produit par la flûte ou d'autres semblables instruments; le troisième, par la harpe, la lyre, le tambour et tout instrument qui devient sonore sous la main qui le frappe.
