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De la continence
13.
Ce grand combat, telle est donc la condition de l'homme soumis à l'empire de la grâce. Aidé par elle, s'il lutte avec générosité, la joie du Seigneur l'inonde, mais une joie mêlée de crainte. En effet, les soldats les plus courageux, ceux-là mêmes qui restent vainqueurs dans cette lutte contre les oeuvres de la chair, ne laissent pas de ressentir parfois les atteintes du péché, et pour en obtenir la guérison, ils répètent chaque jour dans la plus sincère vérité . « Pardonnez-nous nos offenses1 ». Contre ces vices, contre le démon, prince et roi de tous les vices, la prière est toujours l'arme la plus puissante et la plus efficace pour déjouer les suggestions perfides à l'aide desquelles il porte le pécheur à excuser plutôt qu'à accuser ses fautes. Ces excuses, loin de guérir les péchés, ne tendent qu'à les rendre graves et mortels, lors même qu'ils ne le seraient pas d'abord: C'est donc ici surtout que se fait sentir le besoin de la continence pour étouffer cet orgueil qui inspire à l'homme de se complaire en lui-même, de repousser toute idée de culpabilité propre, et de s'opposer, quand il pèche, à toute conviction de son péché. Repoussant cette humilité salutaire qui lui ferait accepter sa propre accusation, c'est l'excuse qu'il cherche, victime en cela par lui-même d'une fatale complaisance. Contre cet orgueil demandait à Dieu la continence, celui- dont j'ai cité et expliqué plus haut les paroles dans la mesure de mes forces. « Placez, Seigneur, avait-il dit, une garde à ma bouche et la continence sur mes lèvres; ne laissez point « mon coeur s'incliner à des paroles mauvaises ». Voulant ensuite rendre sa pensée plus claire et plus frappante, il ajoutait : « Pour excuser mes excuses dans le péché2 ». En effet, quoi de plus pernicieux pour un pécheur que denier son péché, même quand il a contre lui une oeuvre coupable dont il ne peut contester l'évidence? Ne pouvant cacher son action, contraint d'avouer qu'elle n'est pas bonne, il cherche à rejeter sur autrui ce qui est son oeuvre-propre, comme s'il pouvait par là se soustraire à ce qu'il a mérité. En niant sa culpabilité, il-en augmente la malice; et en excusant ses fautes au lieu de les accuser, il oublie que ce n'est pas le châtiment qu'il éloigne, mais le pardon: En face de juges humains qui peuvent se tromper, il peut-être quelquefois utile, du moins pour un temps, de dissimuler la faute que l'on a commise; mais devant Dieu, que l'on ne peut induire en erreur, ce n'est point à une fausse justification qu'il faut avoir recours, mais à une confession véritable et sincère.
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On Continence
13.
In this so great conflict, wherein man under Grace lives, and when, being aided, he fights well, rejoices in the Lord with trembling, there yet are not wanting even to valiant warriors, and mortifiers however unconquered of the works of the flesh, some wounds of sins, for the healing of which they may say daily, "Forgive us our debts:" 1 against the same vices, and against the devil the prince and king of vices, striving with much greater watchfulness and keenness by the very prayer, that his deadly suggestions avail not aught, whereby he further urges the sinner to excuse rather than accuse his own sins; and thus those wounds not only be not healed, but also, although they were not deadly, yet may be pressed home to grievous and fatal harm. And here therefore there is need of a more cautious Continence, whereby to restrain the proud appetite of man; whereby he is self-pleased, and unwilling to be found worthy of blame, and disdains, when he sins, to be convicted that he himself has sinned; not with healthful humility taking upon him to accuse himself, but rather with fatal arrogance seeking to find an excuse. In order to restrain this pride, he, whose words I have already set down above, and, as I could, commended, sought Continence from the Lord. For, after that he had said, "Set, O Lord, a watch to my mouth, and a door of Continence around my lips. Make not my heart to fall aside unto evil words;" 2 explaining more clearly whereof he spake this, he saith, "to make excuses in sins." For what more evil than these words, whereby the evil man denies that he is evil, although convicted of an evil work, which he cannot deny. And since he cannot hide the deed, or say that it is well done, and still sees that it is clear that it was done by him, he seeks to refer to another what he hath done, as though he could remove thence what he hath deserved. Being unwilling that himself be guilty, he rather adds to his guilt, and by excusing, not accusing, his own sins, he knows not that he is putting from him, not punishment, but pardon. For before human judges, forasmuch as they may be deceived, it seems to profit somewhat for the time, to cleanse as it were what hath been done amiss by any deceit whatever; but before God, Who cannot be deceived, we are to use, not a deceitful defense, but a true confession of sins.