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De la continence
20.
Il est donc en nous des désirs mauvais ; n'y consentons pas et notre vie restera pure. Nous portons en nous la concupiscence du péché; en y résistant nous résistons au mal ; mais nous n'aurons atteint- la perfection du bien, que quand cette concupiscence sera détruite en nous. Ces deux points nous sont clairement enseignés, l'un dans ces paroles de l'Apôtre : « Je puis vouloir le bien, mais non pas l'accomplir1 » ; l'autre dans celles-ci : « Que l'esprit vous dirige, et ne suivez pas la concupiscence de la chair ». Il ne soutient pas qu'il lui soit impossible de faire le bien , mais seulement d'arriver à l'accomplir dans sa perfection; il ne nous dit pas : N'ayez aucune concupiscence de la chair; mais seulement : « Ne la suivez point ». Il y a en nous concupiscence mauvaise, quand ce qui est défendu nous plaît ; y résister, c'est enchaîner les passions pour conserver son esprit soumis à la loi de Dieu. Faire le bien, c'est donc vaincre la délectation mauvaise par la délectation bonne; mais la perfection, vous ne la trouvez pas, tant que la chair, soumise encore à la loi du péché, subira l'atteinte des passions et en sera émue, quoiqu'alors même elle soit enchaînée par la continence. Si elle n'était pas émue, où serait le besoin de la continence ? Le bien ne sera donc parfait que quand le mal sera détruit; l'un sera à son comble quand l'autre aura cessé.
Espérer cet heureux état dans notre condition présente, c'est une illusion. Pour y arriver, il faut que la mort soit détruite ; elle ne le sera que quand aura commencé la vie éternelle. Alors en effet nous trouverons le souverain bien; le mal aura cessé; nous éprouverons pour la sagesse un amour souverain, et le travail de la continence sera nul. La chair n'est donc pas mauvaise, quand elle est exempte du mal, c'est-à-dire du vice qui s'est emparé de l'homme, non pas en vertu de sa formation, mais par l'effet de son propre crime. Car l'homme a été créé bon dans son âme et dans son corps par un Dieu bon, et lui seul est l'auteur du mal qui l'a rendu mauvais. Mais si la miséricorde le délie de sa faute, qu'il se garde bien de regarder comme léger le mal qu'il a commis, car toujours il a besoin de la continence pour faire contre-poids à sa dégradation. Quant aux vices, n'en cherchez pas dans ce royaume futur de la paix; car, dans le combat de cette vie, les vainqueurs voient chaque jour s'affaiblir en eux le péché d'abord, et aussi la concupiscence que nous combattons en lui refusant notre consentement, et à laquelle nous ne pouvons consentir sans péché.
Rom. VII, 18, 25. ↩
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On Continence
20.
There are therefore in us evil desires, by consenting not unto which we live not ill: there are in us lusts of sins, by obeying not which we perfect not evil, but by having them do not as yet perfect good. The Apostle shows both, that neither is good here perfected, where evil is so lusted after, nor evil here perfected, whereas such lust is not obeyed. The one forsooth he shows, where he says, "To will is present with me, but to perfect good is not;" 1 the other, where he says, "Walk in the Spirit, and perfect not the lusts of the flesh." 2 For neither in the former place doth he say that to do good is not with him, but "to perfect," nor here doth he say, Have not "lusts of the flesh," but "perfect not." Therefore there take place in us evil lusts, when that pleases which is not lawful; but they are not perfected, when evil lusts are restrained by the mind serving the Law of God. And good takes place, when that, which wrongly pleases, takes not place through the good delight prevailing. But the perfection of good is not fulfilled, so long as by the flesh serving the law of sin, evil lust entices, and, although it be restrained, is yet moved. For there would be no need for it to be restrained, were it not moved. There will be at some time also the perfection of good, when the destruction of evil: the one will be highest, the other will be no more. And if we think that this is to be hoped for in this mortal state, we are deceived. For it shall be then, when death shall not be; and it shall be there, where shall be life eternal. For in that world, 3 and in that kingdom, there shall be highest good, no evil: when there shall be, and where there shall be, highest love of wisdom, no labor of continence. Therefore the flesh is not evil, if it be void of evil, that is, of fault, whereby man was rendered faulty, not made ill, but himself making. For on either part, that is, both soul and body, being made good by the good God, himself made the evil, whereby he was made evil. From the guilt of which evil being already also set free through forgiveness, 4 that he may not think what he hath done to be light, he yet wars with his own fault through continence. But far be it that there be any faults in such as reign in that peace which shall be hereafter; since in this state of war there are lessened daily in such as make progress, not sins only, but the very lusts also, with which, by not consenting, we strive, and by consenting unto which we sin.