Übersetzung
ausblenden
De la continence
26.
Ces observations sur la continence véritable suffisent pour convaincre de fausseté la continence des Manichéens. Et cependant, à les en croire, le travail à la fois utile et glorieux de la continence, alors même qu'elle dompte et enchaîne les voluptés immodérées et illicites de notre corps, loin d'imprimer une répression salutaire à cette partie infime de nous-mêmes, ne ferait que diriger contre elle une guerre de préjugés, une vaine hostilité. Il est vrai que le corps est d'une nature différente de celle de l'âme, mais il n'entre pas moins dans la nature de l'homme. L'âme sans doute n'est pas formée d'un corps; mais l'homme est formé à la fois d'un corps et d'une âme; et, quand Dieu nous sauve, il sauve à la fois notre corps et notre âme. Aussi est-ce l'humanité tout entière qui a été revêtue par Jésus-Christ, daignant racheter en nous tout ce qu'il y avait créé. Niez-vous cette vérité? Si vous la niez, que vous sert-il d'enchaîner vos passions, si toutefois vous les enchaînez? Quelle pureté, pensez-vous, peut produire en eux une continence qui est elle-même impure et qui ne mérite rien moins que le nom de continence? Ce qu'ils éprouvent à ce sujet n peut être que l'effet de l'inspiration du démon et la continence, n'est-ce pas un don de Dieu ?
De même, il ne suffit pas de souffrir ni de supporter la douleur avec patience, pour s'autoriser à dire que l'on possède la vertu de patience; car elle aussi, cette vertu, ne peut venir que de Dieu.
Beaucoup d'hommes s'exposent à d'affreux tourments pour ne pas se trahir dans leurs crimes, ou révéler leurs complices; beaucoup, pour satisfaire de violentes passions, pour se procurer ou conserver ce qui pour eux est l'objet d'un amour criminel; beaucoup, pour soutenir des erreurs pernicieuses dans lesquelles ils sont étroitement enchaînés. Prétendre que tous ces hommes possèdent la véritable patience, n'est-ce pas une erreur ? De même il ne suffit pas de contenir ou de réprimer vigoureusement les passions de la chair et de l'esprit, pour se donner le droit de conclure que l'on possède cette continence dont nous faisons ressortir la gloire et l'utilité. Les uns, en effet, c'est à n'y pas croire, se contiennent par leur incontinence même; cette femme, par exemple, qui évite son mari pour remplir le serment qu'elle a fait au complice de ses adultères. D'autres se contiennent par l'injustice; tel est l'époux qui refuse le devoir conjugal à son épouse et réciproquement, sous le prétexte que lui ou elle peut vaincre cette inclination. D'autres se contiennent trompés par une foi mensongère, par une fausse espérance ou de vains désirs : dans cette classe nous devons ranger les hérétiques et tous ceux qui, sous un nom religieux, se laissent séduire par l'erreur. Leur continence serait vraie, si leur foi l'était; mais comme leur foi est erronée, leur continence ne peut qu'être fausse et ne mérite pas même d'être appelée continence. En effet, cette continence qui nous paraît si justement un don de Dieu, dirons-nous qu'elle est un péché? Une telle folie soulèverait dans nos coeurs une profonde indignation. Cependant, selon l'Apôtre, « ce qui ne vient pas de la foi est un péché1 ». Donc toute continence qui ne repose pas sur une foi véritable, ne mérite même pas le nom de continence.
Rom. XIV, 23. ↩
Übersetzung
ausblenden
On Continence
26.
Thus much will suffice to have treated on behalf of true Continence against the Manichees deceitfully continent, lest the fruitful and glorious labor of Continence, when it restrains and curbs the lowest part of us, that is, the body, from immoderate and unlawful pleasures, be believed not healthfully to chasten, but hostilely to persecute. Forsooth the body is indeed different from the nature of the soul, yet is it not alien from the nature of man: for the soul is not made up of body, but yet man is made up of soul and body: and assuredly, whom God frees, He frees the whole man. Whence our Saviour Himself also took upon Him the whole man, having deigned to free in us all that He made. They who hold contrary to this truth, what doth it profit them to restrain lusts? if, that is, they restrain any. What in them can be made clean through Continence, whose such Continence is unclean? and which ought not to be called Continence. Forsooth to hold what they hold is the poison of the devil; but Continence is the gift of God. But as not every one who suffers any thing, or with the greatest endurance suffers any pain whatever, possesses that virtue, which in like manner is the gift of God, and is called Patience; for many endure many torments, in order not to betray either such as are wickedly privy with them in their crimes, or themselves; many in order to satiate glowing lusts, and to obtain, or not to abandon those things, whereunto they are bound by chain of evil love; many on behalf of different and destructive errors, whereby they are strongly held: of all of whom far be it from us to say that they have true patience: thus not every one, who contains in any thing, or who marvellously retrains even the very lusts of the flesh, or mind, is to be said to possess that continence, of the profit and beauty of which we are treating. For certain, what may seem marvellous to say, through incontinence contain themselves: as if a woman were to contain herself from her husband, because she hath sworn this to an adulterer. Certain through injustice, as if spouse yield not to spouse the due of sexual intercourse, because he or she is already able to overcome such appetite of the body. Also certain contain deceived by false faith, and hoping what is vain, and following after what is vain: among whom are all heretics, and whosoever under the name of religion are deceived by any error: whose continence would be true, if their faith also were true: but, whereas that is not to be called faith, on this account, because it is false; without doubt that also is unworthy the name of continence. For what? are we prepared to call continence, which we must truly say is the gift of God, sin? Far be from our hearts so hateful madness. But the blessed Apostle saith "Every thing that is not of faith is sin." 1 What therefore hath not faith, is not to be called continence.
Rom. xiv. 23 ↩