3.
Pourquoi d'ailleurs demandons-nous à Dieu cette persévérance, si elle n'est point un don accordé par lui ? Ou bien est-ce seulement, par un acte de dérision que irons lui demandons ce que nous savons bien qu'il ne donne pas, ce que l'homme peut obtenir par lui-même sans que Dieu le lui donne? Est-ce aussi par une semblable dérision que nous rendons grâces à Dieu de ce qu'il n'a point donné et de ce qu'il n'a point fait lui-même? Mais ce que j'ai dit ailleurs1, je le dis encore ici avec l'Apôtre : « Ne vous y trompez point, on ne se moque pas de Dieu2 ». O homme ! Dieu est témoin, non pas seulement de tes paroles, mais de tes pensées mêmes : si tu demandes avec un coeur sincère et de bonne foi quelque chose à ce Dieu infiniment riche, crois que tu recevras l'objet de ta demande de celui à qui tu la fais. Ne l'honore point des lèvres et ne t'élève point dans ton coeur au-dessus de lui, en croyant pouvoir trouver en toi-même ce que tu feins de lui demander. Mais peut-être qu'on ne lui demande point cette persévérance? Celui qui tient ce langage n'obtiendra pas ici de moi une réfutation en règle : il me suffira, pour l'accabler, de lui opposer le témoignage des prières des saints. Quel est, parmi les saints celui qui ne demande pas pour lui-même à Dieu la grâce de persévérer en lui; puisque, quand ils récitent l'Oraison dominicale , c'est-à-dire l’oraison enseignée par le Seigneur, ils ne font, pour ainsi, dire, aucune autre demande que celle de la persévérance ?
