XXIV.
Que personne ne se laisse donc tromper par les vains discours des philosophes, et qu'il n'apprenne point dans leur école à mépriser Dieu, ce qui serait le plus grand de tous les crimes. Nous sommes tous obligés de l'aimer, puisqu'il est notre père; de le respecter, puisqu'il est notre maître; de l'honorer, puisqu'il nous comble de ses faveurs; de le craindre, puisqu'il nous menace de ses châtiments. Il mérite nos respects par tous ces titres. Qui pourrait, sans tomber dans l'impiété, ne point aimer celui qui est le père de son âme ? Qui pourrait mépriser impunément celui qui a une souveraine puissance sur toutes les créatures? Si nous le considérons comme notre père, c'est lui qui nous a mis au monde et qui nous a donné la jouissance de la lumière et de la vie. Si nous le regardons comme Dieu, c'est lui qui nous fournit une diversité presque infinie de fruits et d'autres aliments qui nous nourrissent. Nous sommes dans sa maison et raisons une partie de sa famille. Bien que cette famille n'ait pas un respect aussi profond, ni une dévotion aussi pure qu'elle le devrait avoir pour dignement reconnaître les grâces infinies qu'elle a reçues de la main libérale d'un si bon père et d'un si puissant maître, elle pourra espérer le pardon de sa négligence si elle conserve la vérité du culte qu'elle lui doit et qu'elle renonce aux biens périssables pour aspirer aux biens éternels. Que si nous voulons réussir dans une entreprise également sainte et nécessaire, nous devons, suivre Dieu et le recevoir comme le souverain principe de tout bien et comme le parfait modelé de toute vertu. Y a-t-il une puissance plus absolue que la sienne? une raison plus sublime ? une gloire plus éclatante? Puisqu'il nous éclaire par la lumière de sa sagesse et qu'il nous conduit par la sainteté de ses commandements, il ne nous est pas permis de l'abandonner ni de renoncer à son culte pour rechercher des biens passagers et périssables. On ne parvient à la félicité ni en se plongeant dans des voluptés criminelles et empoisonnées, ni en amassant des richesses, qui ne portent qu'à la débauche, ni en recherchant des honneurs, qui n'ont rien de solide et dont l'âme ne peut être embarrassée qu'elle ne soit en même temps assujettie au corps et condamnée à la mort. Mais on y parvient en conservant l'innocence et en gardant la justice, dont la vraie récompense et le digne prix est l'immortalité que Dieu a préparée dès le commencement aux âmes saintes et pures qui ont heureusement évité la corruption du siècle. Ceux qui souillent leur conscience par des fraudes, par des fourberies, par des brigandages, et qui la noircissent de crimes qui sont comme des taches qui ne se peuvent effacer, seront privés de cette récompense. Il faut donc que tous ceux qui veulent passer non seulement pour sages, mais pour raisonnables, méprisent et foulent aux pieds tout ce qu'il y a de fragile et de corruptible, et qu'ils s'unissent étroitement à Pieu. Il faut qu'ils bannissent d'entre eux l'impiété, et ces funestes discordes qui troublent la société humaine et qui rompent l'union que nous pouvons avoir avec Dieu. Il faut qu'ils soient équitables et bienfaisants, et qu'ils, emploient ce qu'ils auront de bien non à entretenir les plaisirs d'un seul, mais à procurer le salut de plusieurs. La volupté n'est pas moins sujette à la mort que le corps, à la délicatesse duquel elle est comme assujettie. La justice et la libéralité au contraire en sont exemptes comme l'âme, qui se rend semblable à Dieu en faisant de bonnes œuvres. Consacrons-le, non dans des temples visibles, mais dans noire cœur ; car tout ce qui est élevé par la main des hommes peut aussi être détruit. Purifions ce temple, qui est sali non par la fumée ni par la poussière, mais par les mauvaises pensées, et qui reluit non de la lumière des cierges, mais de l'éclat de la sagesse. Quand nous serons une fois bien persuadés que Dieu y est présent et qu'il voit les secrets de notre cœur, nous nous conduirons de telle sorte que nous éviterons les effets de sa colère et attirerons sur nous l’abondance de ses grâces.
