JACQUES
surnommé le juste et appelé aussi le frère du Seigneur, était selon les uns issu de Joseph par un premier mariage, ou bien , ce qui me semble plus probable, était fils de Marie, cette soeur de la mère de Jésus-Christ dont Jean parle dans son évangile. Après la Passion du Sauveur, les apôtres l'instituèrent évêque de Jérusalem. Il a écrit une seule épître qui fait partie des sept Épîtres catholiques ; on prétend même qu’elle fut publiée sous son nom par un autre auteur, quoiqu'il se soit écoulé peu de temps avant qu'elle commençât à faire autorité. Hégésippe, qui vivait dans des temps rapprochés des apôtres, parlant de Jacques dans le cinquième livre de ses commentaires, s'exprime ainsi : « Jacques , le frère du Sauveur, surnommé le juste, reçut des mains des apôtres la direction de l'Eglise de Jérusalem. Plusieurs ont porté le nom de Jacques; celui dont nous parlons fut saint pour ainsi dire avant de naître. Il ne but jamais de vin ou d'autres liqueurs spiritueuses, et ne mangea jamais de chair; jamais il ne coupa ses cheveux, et il ne connut point l'usage des parfums et des bains. Il n'était permis qu'à lui seul de pénétrer dans le sanctuaire. Ses vêtements étaient faits de lin et non de laine. Il entrait seu1 dans le temple et se prosternait devant le peuple pour prier. Ses genoux avaient fini par devenir aussi durs que la peau du chameau. » Hégésippe ajoute une foule de détails qu'il serait trop long de rapporter.
Joseph, dans le vingtième livre de ses Antiquités, et Clément dans sa septième Hypotypose, racontent qu'à la mort de Festus, gouverneur de Judée, Néron envoya Albinus pour le remplacer. Or Ananus, fils d'Ananas et issu de la famille sacerdotale, grand-prêtre quoique très jeune, prit. le temps qu'Albinus n'était pas arrivé pour assembler un conseil devant lequel il fit venir publiquement Jacques, pour le forcer à renier lé Christ, fils de Dieu. Comme ce saint homme s'y refusait, il le condamna à être lapidé. Jacques, précipité de la plate-forme du temple , se brisa les jambes dans sa chute. Alors levant les mains vers le ciel, il s'écria à demi mort: « Pardonnez-leur, mon Dieu, ils ne savent ce qu'ils font. » Un foulon l’acheva en lui assénant sur la tête un coup de levier doux il se servait pour fouler ses draps.
Le même Joseph rapporte que sa piété était si grande et si vénérée du peuple, que sa mort avait, pensait-on, attiré la ruine de Jérusalem. Paul, dans son épître aux Galates, fait mention de ce saint homme. « Je n'ai vu, dit-il, aucun autre apôtre que Jacques, le frère du Seigneur. » Les Actes des apôtres le citent fréquemment. L'évangile intitulé selon les Hébreux, que j'ai traduit depuis peu en grec et en latin, et dont Origène s'est servi, ajoute le passage suivant au récit de la résurrection de Jésus-Christ : « Le Seigneur, après avoir donné son suaire au serviteur du prêtre, alla vers Jacques et lui apparut. Or Jacques, depuis qu'il avait bu dans la coupe du Sauveur , avait juré de ne plus manger de pain jusqu'à ce qu'il l'eût vu ressuscité d'entre les morts. Le Seigneur dit alors : « Apportez-moi une table et du pain; » et quand on lui eut donné ce qu'il demandait, il prit le pain, le bénit, le rompit et le donna à Jacques en lui disant : « Mon frère, mangez ce pain, parce que le fils de l'homme est ressuscité d'entre les morts. » Jacques gouverna l'Église de Jérusalem pendant trente ans, c'est-à-dire jusqu'à la septième année du règne de Néron. Il fut enterré contre le temple, dans l'endroit où il avait été précipité. Quelques auteurs ont pensé, mais à tort, qu'il avait été enseveli dans le jardin des Olives.
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