PAUL
apôtre, s'appelait Saul avant de s'adjoindre aux douze apôtres. Il était de la tribu de Benjamin et il naquit à Giscale en Judée. Cette ville ayant été prise par les Romains, il émigra à Tharse en Cilicie avec sa famille. Ses parents l'envoyèrent ensuite à Jérusalem pour y étudier les lois. Là il suivit les leçons de Gamaliel, homme très érudit dont Luc fait mention. Après avoir assisté et contribué à la mort d'Étienne, il accepta du grand-prêtre la mission de persécuter les chrétiens. Il se rendait à Damas dans ce dessein, quand il fut ramené à la foi par cette révélation dont on peut voir le récit dans les Actes des apôtres, et de persécuteur qu'il était, il devint un vase d'élection. Le premier à qui sa prédication fit embrasser 1a vraie croyance fut Paul Sergius, proconsul de Chypre; et ce dernier, reconnaissait de lui devoir sa conversion, donna son nom à l'apôtre. S'étant adjoint Barnabé, il parcourut plusieurs villes ; puis il revint à Jérusalem , où Pierre, Jacques et Jean lui conférèrent l'apostolat.
Nous ajouterons peu de choses au récit détaillé que les Actes des apôtres font de sa vie. La vingt-deuxième année après la Passion de Jésus-Christ, c'est-à-dire la deuxième du règne de Néron, à l'époque où Festus succéda à Félix dans le gouvernement de la Judée, Paul fut conduit à Rome chargé de fers. Il y resta deux ans sous la surveillance seulement d'un gardien , et il employa ce temps en controverses avec les Juifs sur l'arrivée du Messie. Il fut mis en liberté par Néron, dont la domination n'était pas affermie, et qui ne s'était pas encore livré à ces crimes effrénés que l'histoire lui reproche. Si Paul échappa à cette première persécution, ce fut pour qu'il pût prêcher l'Évangile dans les pays d'Occident, comme il le déclare lui-même dans l'épître qu'il écrivit du fond de sa prison à Timothée, Vannée de sa mort : « Lors de ma première persécution , personne ne me vint en aide, mais tous m'abandonnèrent ; que le ciel le leur pardonne ! mais le Seigneur me secourut et me rendit ma force, afin que par moi son nom fût annoncé en tous lieux et que toutes les nations l'entendissent. J'ai été délivré de la gueule du lion. » Ces derniers mots font évidemment allusion à Néron, dont ils peignent la férocité. Il ajoute plus loin « Dieu m'a délivré de toute embûche et m'a sauvé dans son céleste royaume. » On voit qu'il sentait approcher son martyre: il avait dit plus haut dans la même épître : « Je suis une victime déjà sacrifiée, et l’heure de ma mort est arrivée. »
Paul reçut le martyre le même jour que Pierre : il eut la tète tranchée à Rome, fan trente-sept de la Passion de Jésus-Christ; on l'enterra sur la voie d'Ostie. Il a laissé neuf épîtres adressées aux sept Eglises de Rome, de Corinthe, de Galatie, d'Ephèse, de Philippes, de Colosses et de Thessalonique; il en a en outre composé quatre autres pour ses disciples Timothée , Tite et Philémon. Quant à l'épître aux Hébreux, l'authenticité en est contestée à cause de la discordance du style et des idées. Tertullien l'attribue à Barnabé; suivant d'autres, elle serait l'ouvrage de Luc l'évangéliste, ou bien de Clément, depuis évêque de Rome, qui passe pour s'être approprié les pensées de Paul et les avoir mises en ordre et revêtues de son style. On peut supposer encore que Paul est l'auteur de cette épître, et qu'il a retranché au commencement la formule de salut à cause de la haine que les Juifs avaient vouée à son nom. Hébreu lui-même et écrivant à des Hébreux, il employa la langue nationale avec tant d'élégance que les beautés de l'original passèrent dans la traduction grecque. Voilà d'où provient la différence qui semble exister entre cette épître et les antres ouvrages de Paul. Quelques auteurs ont mis sous son nom une épître aux Laodicéens, mais elle est généralement rejetée.
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