1.
Il y a environ dix ans que le saint homme Pammaque m'envoya des papiers parmi lesquels se trouvait le Livre des Principes d'Origène, qu'une certaine personne avait traduits ou plutôt entièrement défigurés, en me priant instamment d'en faire une traduction exacte et fidèle où l'on pût voir sans aucun déguisement tout ce qu'il y a de bon ou de mauvais dans cet auteur. Je fis ce qu'il souhaitait de moi; je lui envoyai ce livre; mais il ne put le lire sans horreur, et il le serra dans son portefeuille de peur qu'il n'empoisonnât les âmes si on le rendait public. Un frère fort zélé, mais dont le zèle n'était pas selon la science, le pria de le lui prêter, avec promesse de le lui rendre dès qu'il l'aurait lu. Pammaque le lui confia, ne pouvant pas s'imaginer qu'il pût, en si peu de temps abuser de sa bonne foi et de sa confiance. Mais celui-ci ayant fait transcrire tout l'ouvrage par des copistes, le rendit à Pammaque plus tôt qu'il ne le lui avait promis. Il poussa encore plus loin son indiscrétion, pour ne pas dire sa témérité, en confiant à d'autres la copie qu'il avait surprise. Et comme il est difficile de conserver exactement les abréviations dits un ouvrage de longue haleine qui traite des choses mystiques, surtout quand on le dicte furtivement et à la hâte, tout était si confondu et si délivré dans cette copie qu'on n'y trouvait en plusieurs endroits ni ordre ni sens.
Vous me priez donc, taon cher Avitus, de vous envoyer un exemplaire de cette traduction que je n'avais confiée qu'à Pammaque , et que ce frère, dont je viens de vous parler. a eu l'indiscrétion de rendre publique. Je vous envoie ce que vous souhaitez, niais en même temps je vous avertis que vous trouverez dans cet ouvrage plusieurs choses qui font horreur, et qu'en le lisant vous serez obligé, selon la parole du Seigneur, de marcher parmi les scorpions et les serpents.
