5.
Après avoir démontré par plusieurs raisons que le démon peut devenir vertueux , quoique son penchant ne le porte pas encore à aimer et à pratiquer la vertu, il prouve port au long que les anges, les âmes et les démons, qui selon lui sont d'une même nature, quoiqu'ils aient des inclinations différentes, peuvent par un excès de folie et de négligence devenir des brut es; et qu'ils aiment mieux entrer dans le corps de quelque animal et demeurer dans les eaux , que de souffrir la violence du feu et les autres supplices auxquels ils ont été condamnés. Si cela est, nous devons craindre, non-seulement les bêtes à quatre pieds, mais encore les poissons. Et de peur qu'on ne l'accusât d'admettre la métempsycose de Pythagore, après avoir blessé l'esprit du lecteur par des opinions si détestables, il ajoute enfin : « Au reste, on ne doit point regarder ce que j'ai dit comme des dormes et des vérités que je veuille enseigner et soutenir; ce ne sont que des recherches et des questions que j'expose et auxquelles je ne m'arrête qu'en passant. »
Dans le second livre il soutient que le nombre des mondes est infini ; non pas qu'il v en ait plusieurs à la fois, et semblables les uns aux autres, comme le prétendait Epicure; mais il veut que l'un commence lorsque l'autre finit; qu'avant celui-ci où nous sommes il y en ait eu un autre, et qu'il y en aura encore un autre après et ainsi successivement les uns après les autres. Il doute néanmoins s'il v aura quelqu'un de ces mondes qui ressemble entièrement à un autre, ou s'ils seront tous différents.
Il dit encore un peu après : « Si toutes les créatures, comme nous l'avons déjà dit, doivent un jour être sans corps, tous les corps seront donc détruits et réduits au néant d'où ils ont été tirés; après quoi il viendra un temps où ils seront encore nécessaires. » Il ajoute ensuite : « Mais si ce corps corruptible est revêtu de l'incorruptibilité, et si ce corps mortel est revêtu de l'immortalité, comme nous l'avons déjà fait voir et par les lumières de la raison et par (autorité de l'Ecriture sainte; alors la mort sera absorbée et détruite par une entière victoire. et la corruption anéantie par l'incorruptibilité ; peut-être même que tous les corps, sur lesquels seuls la mort peut agir, seront entièrement détruits. » Et un peu après : « Si ce que je dis n'est pas contraire à la foi, peut-être serons-nous jour sans corps, ou s'il est vrai que celui qui vit entièrement assujetti à Jésus-Christ n'a point de corps, et que toutes les créatures doivent un jour lui être assujetties, il faut conclure que nous n'aurons point de corps quand nous serons entièrement assujettis à Jésus-Christ. »
