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Il dit encore au même endroit : « Quand toutes les créatures seront assujetties à Dieu, elles se dépouilleront de leur corps et alors tous les corps seront détruits. Que s'il est nécessaire de les rétablir pour servir aux créatures raisonnables qui seront déchues de leur premier état, ils seront créés une seconde fois. Car Dieu laisse aux âmes des combats à soutenir et des ennemis à vaincre, pour leur faire comprendre que ce n'est point par leurs propres forces, mais par sa grâce qu'elles peuvent remporter une pleine et entière victoire: ce qui me fait croire que Dieu ne crée des mondes différents que pour différentes causes; et que ceux-là se trompent qui s'imaginent que tous les mondes seront semblables. »
Il ajoute ensuite : «Je m'imagine qu'à la consommation des siècles, les choses se passeront de l'une ou de l'autre de ces trois manières; et je laisse au lecteur à juger laquelle est la véritable et la meilleure. Car ou nous n'aurons point de corps, lorsqu'étant assujettis à Jésus-Christ, nous le serons aussi à Dieu, et que Dieu sera tout en tous; ou de même que toutes les créatures étant assujetties à Jésus-Christ le seront aussi à Dieu avec Jésus-Christ et seront étroitement unies ensemble ; de même les corps changeant de substance seront composés de dualités très excellentes et se résoudront en air dont la nature est très pure et très simple ; ou enfin cette sphère que nous avons dit ci-dessus être fixe et immobile sera anéantie avec tout ce qu'elle contient, et celle qui est au-dessous et qui est distinguée par deux cercles sera appelée la bonne terre; et cette autre sphère qui environne immédiatement notre terre, et que nous appelons ciel , sera la demeure des saints. » N’est-ce pas là donner dans les erreurs du paganisme, et joindre à la pureté de la doctrine évangélique les visions et les rêveries des philosophes ?
Origène dit encore dans le même livre : « Il faut donc conclure que Dieu est invisible. Or, s'il est invisible de sa nature, il s'ensuit que le Sauveur même ne le peut voir. » Et un peu plus bas : « De toutes les âmes qui sont descendues dans un corps humain, il n'y en a aucune qui ait entièrement conservé les traits et les caractères que la créature lui avait d'abord imprimés, excepté celle dont le Sauveur a dit : «Personne ne peut me ravir mon âme, mais c'est de moi-même que je la quitte. » Et dans cet autre endroit : « On ne peut, dit-il, traiter cette matière avec trop de précaution, parce que les âmes quand elles seront sauvées et en possession d'une vie bienheureuse, cesseront peut-être d'être âmes; car comme notre Seigneur est venu pour chercher et pour sauver ce qui était perdu, afin qu'il ne soit plus perdu; de même l'âme qui s'était perdue, et pour le salut de laquelle notre Seigneur est venu, ne sera plus âme quand elle sera sauvée. Il faut aussi examiner s'il y a eu un temps où l'âme n'était point âme, et s'il y aura un temps où elle cessera d'être âme, de même qu'il y a eu un temps où ce qui a été perdu n'était pas perdu , et qu'il y aura encore un temps où il cessera d'être perdu. »
