XIII.
Il reste à examiner après cela où est la supériorité, c'est-à-dire lequel des deux commande à l'autre, afin que là où sera la prédominance, là soit aussi la supériorité de la substance, et que celui des deux auquel commandera la supériorité de la substance, soit regardé comme un instrument naturel de la substance. Mais comment n'accorderait-on point la suprématie à l'âme, qui a communiqué son nom à l'homme tout entier? Combien d'ames je nourris! s'écrie le riche; et non combien d'esprits. Le pilote souhaite que les âmes soient sauvées, et non les esprits. Le laboureur dans ses travaux, le soldat sur le champ de bataille, dit: Je donne mon âme et non mon esprit. Auquel des deux les périls ou les souhaits empruntent-ils leur nom? |24 à l'esprit ou à l'âme? Dans le langage ordinaire, que font les mourants? rendent-ils l'esprit ou bien l'âme? Enfin voyez les philosophes et les médecins eux-mêmes. Quoiqu'ils se proposent de disputer aussi sur l'esprit, chacun d'eux écrit au frontispice de son œuvre et en tête de la matière: De l'âme. Veux-tu savoir aussi comment Dieu s'exprime? C'est toujours à l'âme qu'il adresse la parole, l'âme qu'il interpelle, l'âme qu'il exhorte, pour attirer à lui l'esprit, «C'est elle que le Christ est venu sauver; elle qu'il menace de perdre dans les enfers; elle qu'il défend de trop aimer; elle que le bon Pasteur lui-même donne pour ses brebis. » Tu as la prépondérance de l'âme; tu as aussi avec elle l'union de la substance, afin d'en conclure que le principe intelligent est un instrument et non un maître.
