CHAPITRE X. LE SAINT-ESPRIT DONNÉ DEUX FOIS.
11. La glorification de Notre-Seigneur parmi les hommes, c'est sa résurrection d'entre les morts, et son ascension au ciel. Or, nous lisons dans l'Evangile de saint Jean « Le Saint-Esprit n'était pas encore donné, parce que Jésus n'était pas encore glorifié1 ». Si c'est parce que Jésus n'était pas encore glorifié, que le Saint-Esprit n'avait pas été donné, j'en conclus nécessairement qu'il fut donné aussitôt que Jésus fut glorifié. Et comme il reçut une double glorification, l'une dans son humanité et l'autre dans sa divinité, il suit de là que le Saint-Esprit a été donné deux fois; la première après la résurrection, quand le Sauveur souffla sur ses disciples en leur disant: « Recevez le Saint-Esprit2 »; la seconde, dix jours après l'ascension. Ce nombre dix symbolise la plus haute perfection, car il est d'abord formé du nombre sept qui est comme le fondement de tout ce qui existe, et ensuite du nombre trois qui exprime la Trinité créatrice. Les ascètes développent longuement le sens spirituel, de ces, nombres ; mais ne nous écartons pas de notre sujet, car en discutant avec vous, je ne me propose pas de vous instruire, une telle prétention vous semblerait par trop orgueilleuse ; au contraire, je n'ai jamais voulu que m'instruire à votre école, et pendant neuf ans je n'ai pu y parvenir. Maintenant j'ai les Ecritures pour me dire ce que je dois croire au sujet de la venue du Saint-Esprit; me défendrez-vous d'accepter le témoignage de ces Ecritures, sous prétexte que par là je croirais ce que j'ignore? c'est là, en effet, votre argument de prédilection, alors je vous déclare que je croirai bien moins encore à vos livres. En effet, ou bien faites disparaître tous les livres et rendez à mes yeux la vérité si évidente que le moindre soupçon ne me soit plus permis; ou bien, si vous voulez me présenter des livres, faites en sorte que ce ne suit pas pour m'imposer avec arrogance ce que je dois croire, mais pour m'apprendre loyalement ce que je dois savoir. Eh bien ! me dites-vous, l'épître dont nous parlons en est là. Alors cessons d'examiner son titre et voyons ce qu'elle renferme.
