17.
« Mais », dit-on, « pourquoi des jugements si différents à l'égard, non-seulement de plusieurs petits enfants, mais à l'égard de plusieurs enfants jumeaux dont la condition est parfaitement identique? » Ne pourrait-on pas, avec autant de raison, demander aussi: Pourquoi un jugement identique pour des causes différentes? Rappelons-nous donc ces ouvriers qui travaillèrent à la vigne pendant tout le jour, et ceux qui y travaillèrent seulement pendant une heure : les causes ou les travaux accomplis étaient différents, et cependant, au paiement du salaire, le jugement fut le même. Est-ce que ceux qui murmuraient reçurent alors du père de famille, d'autre réponse que celle-ci : Telle est ma volonté ? Et, en effet, sa libéralité à l'égard des uns ne donnait lieu à aucune injustice vis-à-vis des autres. Il est vrai que tous recevaient une récompense proprement dite; mais, pour ce qui regarde la justice et la grâce, on peut, au sujet du coupable qui est délivré, dire avec raison au coupable condamné : « Prenez ce qui vous appartient, et allez-vous-en; je veux donner à celui-ci ce qui ne lui est point dû. Ne m'est-il pas permis de faire ce que je veux? Et votre oeil est-il mauvais, parce que moi-même je suis bon1 ?» Si ce coupable condamné disait alors : Pourquoi ne m'accordez-vous pas aussi à moi-même cette faveur? il recevrait cette réponse parfaitement juste : « O homme, qui êtes-vous pour contester avec Dieu2?» Vous le voyez libéral et bienfaisant au-delà de toute mesure vis-à-vis d'un de vos semblables, tandis qu'il exige dans la limites de la plus rigoureuse justice le paiement de votre dette; mais certainement vous ne le voyez injuste à l'égard de personne. Car il pourrait, sans cesser d'être juste, punir l’un et l'autre ; et conséquemment, celui qui est délivré n'a que des actions de grâces à lui rendre ; celui qui est condamné n'a pas droit de lui faire des reproches.
