V. 26 et 27.
« Mon esprit a porté sa lumière sur toutes choses pour savoir, pour considérer, pour chercher la sagesse, et les raisons de tout, et pour connaître la malice des insensés et les erreurs des imprudents; et j'ai reconnu que la femme est plus amère que la mort, qu'elle est le filet des chasseurs, que son coeur est un rets et que ses mains sont des chaînes. Celui qui est agréable à Dieu se sauvera d'elle , mais le pécheur s'y trouvera pris. » L'Ecclésiaste a dit ci-dessus qu'il avait tout tenté pour acquérir la sagesse, mais que la sagesse s'était retirée loin de lui encore beaucoup plus qu'elle ne l'était auparavant. Il ajoute ici qu'il avait fait un effort particulier pour découvrir par les lumières de sa sagesse quel mal était, dans les choses humaines, le plus grand de tous les maux, et ce qui tenait le premier rang dans l'impiété, dans la folie, dans l'erreur et dans la sottise. Il confesse donc après cette recherche qu'il a trouvé que la femme est la cause et la source de tous les maux, parce que c'est par elle que la mort est entrée dans le monde, et que c'est aussi le sexe qui ravit et qui fait périr tous les jours les âmes des hommes, qui sont si précieuses. Car, comme dit un prophète : « Les hommes sont tous des adultères, et leur coeur est semblable à un four allumé. » Ce sont aussi les femmes qui sont cause que le coeur des jeunes gens s'éloigne avec précipitation des sentiers de la vertu, pour prendre les grandes routes du vice et du libertinage. En effet, l'amour des femmes ne s'est pas plus tôt rendu le maître du coeur d'un homme qu'il l'entraîne dans le précipice, sans lui laisser la liberté de regarder où il met ses pieds. Cet amour est un piège et un filet où le coeur des jeunes gens se trouve pris et enveloppé. Cependant cet amour meurtrier est tout volontaire; il n'embarrasse et ne surprend que ceux qui veulent bien s'y laisser engager. C'est pourquoi les hommes justes, que Dieu regarde d'un bon oeil, ne sauraient être pris ni assujettis par l'amour des femmes; il n'y a que les pécheurs et les insensés qui se laissent conduire à la mort par cet amour brutal. Au reste ne pensons pas que Salomon ait parlé légèrement des personnes du sexe, ni qu'il ait exagéré les maux dont elles sont la cause ordinaire : il n'a rien dit d'elles que ce qu'il avait éprouvé lui-même, car c'est l'amour des femmes qui l'a fait tomber dans le péché et qui l'a fait périr devant Dieu.
V. 28, 29 et 30. « Voici ce que j'ai trouvé, » dit l'Ecclésiaste, «après avoir comparé une chose avec une autre pour trouver une raison que mon âme cherche encore sans avoir pu la découvrir: entre mille hommes, j'en ai trouvé un, mais de toutes les femmes je n'en ai pas trouvé une seule. Ce que j'ai trouvé seulement est que Dieu a créé l'homme droit et juste, et qu'il s'est lui-même embarrassé dans une infinité de questions. » Voici, dit-il, ce que j'ai découvert, après avoir examiné avec une grande exactitude tout ce qui se passe parmi les hommes: j'ai reconnu, dis-je, que lorsque nous ajoutons peu à peu un péché sur un autre péché, et que nous continuons ainsi à commettre des offenses contre Dieu, nous accumulons une fort grosse somme et un grand trésor de péchés et de crimes. J'ai encore recherché curieusement s'il était possible de trouver une femme qui eût de la droiture , une bonne femme, et j'avoue ingénument qu'encore que j'aie remarqué quelques hommes bons et justes parmi un nombre infini de méchants, comme peut être un entre mille, je n'ai pu néanmoins découvrir une seule bonne femme, parce que je n'en ai vu aucune qui me portât à la vertu, mais toutes m'ont entraîné au vice et à la lasciveté. D'ailleurs les hommes ayant naturellement une forte inclination pour le mal, et s'étant rendus pour la plupart coupables de plusieurs péchés, j'ai remarqué, dans cette décadence générale du genre humain, que la femme a toujours été la plus faible et la plus sujette à tomber. Un poète païen en a parlé ainsi : « La femme est une espèce d'animal toujours bizarre et fort inconstant. » L'Apôtre n'en dit pas moins lorsqu'il assure que « les femmes sont insatiables d'apprendre toujours quelque chose de nouveau, mais n'acquièrent jamais la connaissance de la vérité.» Mais de peur qu'on n'accusât l'Ecclésiaste de condamner en général la nature humaine, et de faire Dieu auteur du péché et du mal parce qu'il est le créateur de ces hommes qui sont si sujets à le commettre, il prévient adroitement un tel reproche en disant que nous avons été créés bons et justes lorsque nous avons été formés des mains du Créateur , mais qu'ensuite, étant abandonnés à notre libre arbitre, nous en avons fait un mauvais usage, et que nous sommes tombés par notre propre malice dans ce malheureux état où nous vivons à présent. La curiosité qui nous a poussés à rechercher des choses qui sont au-dessus de nous n'a pas eu peu de part à notre propre ruine, puisque c'est elle qui nous a inspiré la présomption de penser à des objets qui surpassent toutes les forces de notre esprit.
