V. 1
« J'ai roulé toutes ces choses dans mon esprit et je me suis efforcé d'en avoir l'intelligence. Il y a des justes et des sages dont les couvres sont dans la main de Dieu, et néanmoins l'homme ne tonnait point manifestement s'il est digne d'amour ou de haine.» Symmaque a traduit ce passage d'une manière encore plus claire lorsqu'il a dit : « Je me suis représenté toutes ces choses dans mon esprit, et dans le dessein de les examiner. J'ai donc vu qu'il y a des justes et des sages dont les actions sont dans la main de Dieu. Cependant l'homme ne sait point qui est ami ou qui est ennemi de Dieu, ces choses demeurant inconnues et incertaines parce que tout arrive également aux justes et aux injustes. » Le sens de ces paroles est celui-ci : Je me suis aussi appliqué à connaître qui sont ceux que Dieu aime et qui sont ceux qu'il hait; mais quoique je susse que les oeuvres des justes sont dans la main de Dieu, je n'ai pourtant pu découvrir ni distinguer ces justes des autres hommes, parce qu'on flotte dans le doute et dans l'incertitude, et qu'on ne sait point certainement si ce que les justes souffrent dans ce monde n'est point destiné à éprouver leur patience, ou si ce n'est point par hasard le châtiment et la peine de leurs péchés. Cette connaissance donc est réservée pour l'autre vie, et elle marchera comme un flambeau devant les justes lorsqu'ils sortiront de ce monde pour aller paraître devant Dieu, parce qu'alors sera le temps du jugement, au lieu que cette vie est le lieu de leurs combats. Ainsi, tous ceux qui souffrent à présent sont incertains si c'est l'amour de Dieu qui les éprouve, comme il éprouvait Job, ou si ce n'est point un effet de la colère de Dieu, qui hait tous les pécheurs et qui ne peut laisser leurs crimes impunis.
