V. 1
« J'ai porté mon esprit ailleurs: j'ai vu les oppressions qui se font sous le soleil, les larmes des innocents qui n'ont personne pour les consoler, et l'impossibilité où ils sont de résister à la violence, abandonnés qu'ils sont du secours de tout le monde. » Après m'être entretenu, dit l'auteur de ce livre, du bon usage que chacun doit faire de ses biens, j'ai porté ailleurs les veux de l'esprit, et j'ai fait mes réflexions ; et j'ai vu les violences que les grands font aux petits, sans qu'il se trouve personne qui ait compassion des larmes qu'ils versent en abondance pour marquer l'excès de leur douleur, et qui sont toute leur ressource et leur unique soulagement dans leurs calamités. Ce qui les accable encore davantage, c'est de voir que ceux qui les oppriment si injustement sont très puissants dans le monde et qu'ils s'affermissent de plus en plus dans leur méchanceté. C'est ce qui les rend inconsolables et sans espérance de voir la fin de leurs maux. David, dans le psaume soixante-douzième, s'est fort étendu sur cette matière, aussi bien que le prophète Jérémie, qui parle souvent de la prospérité des méchants.
