V. 1
« Les mouches qui meurent dans les parfums en gâtent la bonne odeur : ainsi une imprudence légère prévaut contre la sagesse et la gloire.» Il donne ici un exemple de ce qu'il disait un peu auparavant, savoir : qu'un seul insensé peut souvent gâter bien des affaires et être cause de la perte de plusieurs grands biens ; car un seul méchant homme, qui se trouve parmi les bons, est capable d'en corrompre et d'en infecter un fort grand nombre, de même que les huiles de parfum les plus précieuses se gâtent entièrement par la saleté des mouches mortes, qui leur font perdre la couleur et toute la bonne odeur. Mais comme il arrive ordinairement que la sagesse des hommes se tourne en ruses et en artifices, et que leur prudence est accompagnée de malice, l'Écriture nous ordonne de rechercher la simplicité de la sagesse et de la joindre avec L'innocence de la colombe, afin d'être prudents dans le bien et simples dans le mal. Il faut donc prendre en ce sens la fin du verset : Il convient à l'homme juste d'avoir un peu de simplicité, de devenir fou afin d'être sage, et de souffrir avec une très grande patience les injures qu'on lui fait; de ne pas se venger de ceux qui le maltraitent, mais de réserver la vengeance à celui qui a dit: « Il m'appartient de faire vengeance et je saurai bien la faire, dit le Seigneur; » car il est à craindre que ceux qui se vengent eux-mêmes des injures qu'ils ont reçues, ne couvrent leur malice de prétextes spécieux de sagesse et de justice.
On peut encore dire que ces mouches qui gâtent la bonne odeur des parfums sont celles dont Isaïe nous a parlé, et qui dominent sur une partie du fleuve d'Égypte, parce qu'elles laissent dans chacun des fidèles qu'elles touchent des impressions et des marques de leur mauvaise odeur et de leur saleté. C'est de ces mouches que Beelzebub, prince des démons, a pris son nom, puisqu'il signifie : idole des mouches, ou : mari des mouches, ou, si l'on veut : abondant en mouches.
