1.
Mais on prétendra que l'objection qui nous avait été proposée ne se trouve pas encore détruite, et que l'argument avancé par les incrédules reçoit au contraire de ce qui a été dit une force nouvelle. En effet, si Dieu possède toute la puissance que notre discours a démontrée, s'il est en son pouvoir de détruire la mort et d'ouvrir l'accès de la vie, que n'exécute-t-il son dessein par un acte pur de sa volonté, au lieu d'effectuer notre salut par un moyen détourné, en venant au monde et en grandissant, et en faisant, pour sauver l'homme, l'épreuve de la mort, quand il pourrait, sans passer par là, assurer notre salut?
[2] En réponse à une objection de ce genre, il suffirait de faire remarquer aux esprits sensés que les malades ne fixent pas non plus aux médecins la nature du régime ; ils ne chicanent pas leurs bienfaiteurs sur la forme du traitement, en demandant pourquoi celui qui les soigne se met en contact avec la partie malade et imagine ce remède-là, pour les délivrer du mal, quand il devrait en employer un autre ; mais ils considèrent le résultat du bienfait et reçoivent avec reconnaissance le service rendu.
[3] En réalité, comme le dit la prophétie, l'immensité de la bonté divine nous assiste d'une manière mystérieuse et ne se montre pas clairement encore dans la vie présente : autrement en effet, toutes les objections des incrédules disparaîtraient, si l'objet de notre attente était exposé aux yeux ; mais maintenant il attend les siècles à venir, pour y découvrir ce que la foi seule nous fait voir aujourd'hui. Dans ces conditions, il faudrait demander à quelques raisonnements, autant que possible, une solution des questions présentes en accord avec ce qui précède.
