1.
En quoi consiste donc ici la justice ? A ne pas avoir usé contre celui qui nous détenait, d'une autorité absolue et tyrannique, et à n'avoir laissé, en nous arrachant à ce maître par la supériorité de son pouvoir, aucun prétexte de contestation à celui qui avait asservi l'homme au moyen du plaisir. Ceux qui ont vendu pour de l'argent leur propre liberté, sont les esclaves de leurs acquéreurs, puisqu'ils se sont constitués eux-mêmes les vendeurs de leurs propres personnes, et il n'est permis ni à eux, ni à aucun autre parlant en leur faveur, de réclamer la liberté, ceux qui se sont volontairement voués à cette condition misérable fussent-ils de naissance noble. [2] Si, par intérêt pour la personne vendue, on usait de violence contre l'acheteur, on passerait pour coupable, en enlevant par un procédé tyrannique celui qui a été légalement acquis. Mais si on voulait le racheter, aucune loi ne s'y opposerait. De même, comme nous nous étions volontairement vendus, celui; qui par bonté nous enlevait pour nous remettre en liberté, devait avoir imaginé, non le procédé tyrannique de salut, mais le procédé conforme à la justice. C'était un procédé de ce genre que de laisser au possesseur le choix de la rançon qu'il voulait recevoir, pour prix de celui qu'il détenait.
