3.
[6] Quant à Dieu, nous soutenons qu'il a passé par les deux évolutions de notre nature, dont l'une met l'âme en contact avec le corps, et dont l'autre sépare le corps de l'âme ; et nous affirmons que s'étant mêlé à chacun des deux éléments, je veux dire à la partie sensible et à la partie intelligible du composé humain, il a, grâce à cette combinaison ineffable et inexprimable, exécuté son dessein : l'union durable, et même éternelle, des éléments une fois unis, c'est-à-dire de l'âme et du corps.
[7] Notre nature ayant été en effet entraînée, même en la personne de Dieu, vers la dissociation de l'âme et du corps, en vertu de Tordre qui lui est propre, il a réuni de nouveau les parties séparées comme avec une colle, je veux dire avec la puissance divine, en rajustant dans une union indestructible ce qui avait été divisé. Et c'est là la résurrection, le retour, après la dissolution, des éléments qui avaient été accouplés, à une union indissoluble, pour que la grâce première attachée au genre humain pût être rappelée, et que nous pussions revenir à la vie éternelle, une fois que se serait écoulé dans la décomposition le vice uni à notre nature, comme il arrive pour un liquide qui se répand et disparaît, quand on a brisé le vase où il est renfermé, et que rien n'est là pour le contenir.
[8] Or, de même que la mort, s'étant une fois produite pour le premier homme, s'était transmise en même temps à toute la nature humaine, de même le principe de la résurrection s'étend, grâce à un seul, à l'humanité entière. Celui qui a de nouveau uni à son propre corps l'âme qu'il avait revêtue, grâce à sa puissance, communiquée à l'un et à l'autre dès leur origine, a mêlé, sur une échelle plus générale, la substance intelligible à l'élément sensible, parce que l'impulsion donnée a suivi sans peine jusqu'au bout une marche logique.
[9] En effet, dans l'humanité qu'il avait revêtue, l'âme est retournée au corps après la décomposition, et c'est là, pour ainsi dire, le point de départ d'un mouvement qui étend en puissance à toute la nature humaine également, l'union de ce qui avait été séparé. Et voilà le mystère du dessein de Dieu touchant la mort et de la résurrection d'entre les défunts : si Dieu n'a pas empêché la mort de séparer l'âme du corps selon l'ordre inévitable de la nature, il les a de nouveau réunis l'un à l'autre par la résurrection, afin d'être lui-même le point de rencontre de la mort et de la vie, en arrêtant en lui la décomposition de la nature produite par la mort, et en devenant lui-même un principe de réunion pour les éléments séparés.
