1.
Mais, dit-on, la transformation elle-même qui s'opère dans notre corps est une forme de faiblesse. Celui qui a pris naissance dans ce corps se trouve dans un état de faiblesse ; or la divinité est exempte d'infirmité. On se fait donc de Dieu une conception étrangère à lui, si l'on prétend établir que l'être naturellement exempt de faiblesse en vient à partager un état de faiblesse. — Mais à ces objections nous opposerons encore une fois le même argument : le mot faiblesse se prend dans deux sens, un sens propre et un sens abusif. Le mouvement qui, avec la participation de la volonté, fait passer de la vertu au vice est vraiment une faiblesse ; tout ce qui, au contraire, se présente successivement dans la nature à mesure qu'elle déroule l'enchaînement qui lui est propre, sera appelé plus justement un mode d'activité qu'un état de faiblesse: ainsi la naissance, la croissance, la permanence du sujet à travers l'afflux et l'écoulement de la nourriture, la réunion des éléments pour former le corps, et en sens inverse, la dissolution du composé et le retour des éléments à leur milieu naturel.
[2] Avec quoi la divinité, suivant notre religion, est-elle donc entrée en contact? Est-ce avec la faiblesse prise au sens propre, c'est-à-dire avec le vice, ou est-ce avec la mobilité de notre nature ?
