1.
Mais peut-être, en examinant la justice et la sagesse qui s'observent dans ce plan divin, est-on amené à regarder comme une sorte de tromperie la méthode imaginée dans ces conditions par Dieu en vue de notre salut. En se livrant au maître de l'homme sans dévoiler sa divinité, mais en la recouvrant de la nature humaine, à l'insu de l'ennemi, Dieu a eu recours, en un sens, à une tromperie et à un procédé captieux, puisque le propre des trompeurs est de détourner l'attente de ceux que visent leurs machinations et d'agir contre cette attente. Mais si l'on considère la vérité, on reconnaîtra jusque-là une preuve suprême de la justice et de la sagesse divines.
[2] C'est en effet le propre d'une nature juste de donner à chacun selon son mérite, et d'une nature sage de ne pas faire dévier la justice, tout en ne séparant pas des décisions de la justice les bienveillantes intentions de l'humanité, mais de concilier adroitement les unes et les autres, en rendant, selon la justice, ce qui est mérité, et en restant, par la bonté, dans les intentions de l'humanité. Examinons donc si ces deux caractères ne s'observent pas dans les faits accomplis.
