1.
Passant de cette question à une autre, les adversaires essaient encore d'injurier notre doctrine. Si la méthode employée était bonne et digne de Dieu, disent-ils, pourquoi a-t-il différé son bienfait? Pourquoi, lorsque le vice était encore à ses débuts, n'a-t-il pas coupé court à ses progrès ultérieurs ?
[2] A cette objection nous répondrons simplement que c'est la sagesse et la prévoyance de l'être bienfaisant par nature qui ont différé le bienfait. En effet, dans le cas des maladies physiques, quand une humeur corrompue envahit les conduits du corps, jusqu'au moment où l'élément contraire à la nature s'est manifesté à la surface, ceux qui appliquent aux maladies une méthode savante ne traitent pas le corps à l'aide d'astringents ; ils attendent que le mal caché dans les profondeurs se montre au dehors, et alors, quand il est à découvert ils lui appliquent le traitement. Ainsi donc, une fois que la maladie du vice se fut abattue sur la nature humaine, le médecin de l'univers attendit qu'il ne restât caché dans notre nature aucune forme de perversité.
