1.
Il était rigoureusement logique que celui qui se mêlait à notre nature acceptât d'en revêtir tous les caractères distinctifs pour s'unir étroitement à nous. Car ceux qui lavent les vêtements pour les nettoyer ne laissent pas de côté une partie des souillures, en se bornant à enlever les autres; mais ils purifient de ses taches toute la pièce d'étoffe d'un bout à l'autre, pour que tout le vêtement ait la même beauté, et resplendisse d'un égal éclat au sortir Au lavage ; de même la vie humaine ayant été souillée par le péché dans son principe, dans sa fin et dans tout l'intervalle, la puissance qui la nettoie devait passer partout et ne pas appliquer à l'une des parties le traitement de la purification, pour laisser l'autre sans remède. [2] Voilà pourquoi, notre vie étant comprise de part et d'autre entre deux extrémités, je veux dire le commencement et la fin, on trouve à chacune des deux extrémités la puissance qui redresse notre nature ; elle est entrée en contact avec le commencement, elle s'est étendue de là jusqu'à la fin, et a occupé tout l'espace compris dans l'intervalle.
[3] Or puisqu'il n'y a pour tous les hommes qu'une seule façon d'entrer dans l'existence, d'où devait venir celui qui nous visitait, pour s'établir dans notre vie? Du ciel, dit peut-être celui qui rejette comme avilissante et sans gloire la forme de la naissance humaine. Mais l'humanité n'était pas au ciel, et dans la vie supraterrestre ne régnait sous aucune forme la maladie du vice. Or celui qui se mêlait à l'homme voulait régler sur ses vues bienfaisantes cette étroite union. Là où le mal n'existait pas, et où ce n'était pas la vie humaine qui était gouvernée, comment veut-on que l'homme en soit descendu pour revêtir Dieu, et il serait plus juste de dire non pas un homme, mais un portrait, une image de l'homme? Comment se serait opéré le redressement de notre nature, si la créature terrestre étant malade, c'était un être différent qui eût été choisi parmi les habitants célestes pour se mélanger avec Dieu? Car le malade ne peut éprouver l'effet du traitement, si ce n'est pas la partie souffrante qui reçoit spécialement la guérison.
