2.
[3] La disposition de l'organisme est tout entière établie en vue d'un seul, et même but, et ce but est de conserver l'existence à l'être humain. Les autres organes maintiennent la vie présente de l'homme en se partageant différentes formes d'activité ; c'est par eux que s'exerce la faculté de percevoir et d'agir; les organes de la génération sont chargés de pourvoir à l'avenir ; ils assurent, par leur intermédiaire, à la nature une succession continue.
[4] Si c'est au point de vue de l'utilité qu'on se place, quel est celui des organes regardés comme importants auquel ceux-là céderont la première place? Sur lequel ne leur donnerait-on pas à bon droit l'avantage ? Ni l'œil en effet, ni l'oreille, ni la langue, ni aucun organe des sens n'assurent la continuité ininterrompue de notre espèce ; car ils regardent, nous l'avons dit, la jouissance actuelle. Ce sont les autres qui conservent à la nature humaine l'immortalité, de sorte que l'activité de la mort sans cesse dirigée contre nous est en un sens vaine et inefficace, puisque la nature comble chaque fois le vide par la succession des nouveaux venus. Que contient donc notre religion qui soit indigne de Dieu, si Dieu a pris, pour se mélanger à la vie humaine, les voies que la nature emploie pour lutter contre la mort?
