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Partout donc les nombres se présentaient à elle dans ces sciences, mais ils lui apparaissaient avec plus d'éclat dans les proportions, dont elle voyait en elle-même l'absolue vérité, par la réflexion et la méditation, et dont les choses sensibles ne présentent que des ombres et quelques traces. Elle s'anima alors,. elle s'enhardit et entreprit de prouver que l'âme est immortelle. Elle considéra tout avec soin, se reconnut douée d'une grande puissance et comprit toutefois qu'elle ne pouvait rien qu'avec les nombres. Emue de cette merveille, elle se demanda si elle n'était point le nombre même qui s'applique à tout, ou si du moins ce nombre n'était pas où elle cherchait à parvenir. Elle s'attacha de- toutes ses forces à ce nombre qui devait lui révéler toute vérité. Mais c'était dans ses mains ce Protée dont Alype a fait mention lorsque nous parlions des Académiciens1. En effet les fausses images des choses extérieures que nous comptons et qui sont produites par le nombre secret qui dirige nos calculs, absorbent la pensée et font souvent évanouir ce nombre quand on l'a saisi.
Cont. les Acad. Liv. III, ch. V, n. 11. ↩
