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La raison travailla ensuite pour les yeux. Parcourant donc la terre et le ciel , elle sentit que rien ne lui état agréable que la beauté, et que ce qui lui plaisait dans la beauté c'étaient les formes ; dans les formes, les proportions, et dans les proportions, les nombres. Elle examina alors si la ligne , si la circonférence, si toute autre forme et toute autre figure étaient en réalité ce qu'elles étaient dans l'intelligence. Mais elle découvrit qu'elles étaient bien inférieures et qu'il n'y avait aucune comparaison à établir entre ce qui tombe sous les sens et ce qui est du domaine de la pensée. Elle approfondit ces observations, les mit en ordre et en fit une science qu'elle nomma géométrie.
Le mouvement du ciel la frappait, elle se sentait portée à le considérer avec attention. Là aussi, dans les régulières vicissitudes des temps, dans le cours invariable et limité des astres, dans les intervalles réglés qui les séparent , elle s'aperçut que les mesures et les nombres dominaient encore. Résumant tout dans des définitions et des divisions , elle produisit l'astronomie, cette grande preuve de la religion, ce tourment perpétuel de sa curiosité.
