5.
Voici donc, repris-je, ce que tu as avancé: Tout ce qui est de la connaissance du sage, n'est point en Dieu, mais tout ce qu'il a en Dieu, le sage le connaît. C'est tout à fait cela, dit-il; car tout ce qu'il perçoit par les sens corporels, n'est point en Dieu, mais seulement ce qu'il perçoit par l'esprit. Peut-être même oserai-je en dire davantage; oui, je le dirai, afin que votre appréciation me confirme, ou m'instruise. Quiconque ne connaît que ce qui est du ressort des sens corporels, ne me paraît être ni en Dieu ni même en soi.
Je remarquai alors, à l'air de Trygétius, qu'il voulait dire je ne sais quoi , mais qu'il était retenu par la crainte de paraître empiéter sur le terrain d'autrui ; et comme Licentius gardait le silence, je lui permis de parler s'il voulait. Il s'exprima ainsi: Tout ce qui appartient aux impressions corporelles ne me semble connu de personne ; car autre est sentir, et autre connaître. Aussi toutes les connaissances que nous pouvons avoir, me paraissent être dans l'intelligence, et ne pouvoir être comprises que par elle. D'où il suit que si nous plaçons en Dieu tout ce que le sage connaît par l'intelligence, il faudra mettre en Dieu toutes les connaissances du sage. Licentius approuva l'observation et en ajouta une autre que je ne pouvais aucunement dédaigner. Il dit: Le sage est donc en Dieu, car il se comprend lui-même. C'est la conséquence et de ce que tu as dit, savoir, que tout ce qui comprend Dieu est en Dieu , et de ce que nous avons dit nous-mêmes, savoir, que nous mettons en Dieu tout ce que le sage comprend; mais cette partie de lui-même qui perçoit par les sens, car je ne crois pas qu'elle fasse nombre, quand nous parlons du sage, j'avoue que je n'en connais et que je n'en soupçonne aucunement la nature.
