1.
En disant : « O homme, qui es-tu pour contester avec Dieu?» l'Apôtre parait avoir eu en vue de corriger la curiosité. Or test sur cela. même qu'on élève une question; on est curieux à l'occasion des paroles mêmes qui blâment la curiosité. Les impies, y ajoutant l'injure, prétendent que l'Apôtre, impuissant à résoudre la question, gronde ceux qui l'ont faite patté qu'il ne peut donner la solution qu'on cherche. Quelques hérétiques 1, qui ne trompent que quand ils promettent une science qu'ils ne sauraient montrer, ennemis de la loi, et des prophètes, traitent de faussetés et d'interpolations tous tes passages que l'Apôtre en cite ; et, parmi ces passages falsifiés, il leur plaît surtout de compter celui-ci; et de nier que Paul ait dit : « O homme; qui es-tu, pour contester avec Dieu ? » C'est que, s'ils acceptent ces paroles, eux qui n'avancent leurs calomnies que dans le but de tromper les hommes, ils garderont désormais le silence, et n'oseront plus promettre, aux ignorants qu'ils veulent séduire, de savantes discussions sur la volonté, du Dieu tout-puissant. Enfuit quelques lecteurs des saintes Écritures, hommes droits et pieux, demandent ce qu'on peut répondre ici aux injures ou aux calomnies.
Pour nous, nous attachant saintement à l'autorité apostolique et convaincus que les livres placés sous la garde de l'enseignement catholique ne sont point falsifiés, reconnaissons, ce qui est vrai, que ceux à qui les décrets divins sont cachés, sont faibles et indignes de les comprendre ; puis, à ceux qui murmurent et s'indignent de ne pas pénétrer les desseins de Dieu, répondons, quand ils commenceront à dire Donc il a pitié de qui il veut et il endurcit qui il veut. De quoi se plaint-il encore? Car qui résiste à sa volonté 2 ? » quand, au moyen de ces paroles, il se mettront à calomnier l'Écriture, ou chercheront une excuse à leurs péchés, à leur mépris pour les commandements, qui sont le chemin de la vertu; répondons-leur, dis-je, en toute confiance : « O homme, qui es-tu pour contester avec Dieu? » N'allons pas, par égard pour eux , donner les choses saintes aux chiens, ni jeter nos pertes devant les pourceaux 3; si tant est que nous ne noyions pas nous-mêmes des chiens et des pourceaux, et que nous entrevoyions, même imparfaitement et en énigme, quelque chose de sublime, de très-supérieur aux idées vulgaires, quand l'Esprit-Saint nous parle des mérites des âmes.
