4.
Pour ce qui regarde Pharaon, la réponse est facile. Les persécutions qu'il avait infligées aux étrangers, habitant en son royaume, lui avaient mérité un endurcissement de coeur tel qu'il n'ajouta point foi aux ordres de Dieu, mal gré les miracles les plus éclatants. Ainsi, de la même ruasse de péché, Dieu a tiré des vases de miséricorde, les enfants d'Israël qu'il devait sauver, quand ils lui adresseraient leur prières; et des vases de colère, c'est-à-dire Pharaon et son peuple, dont la punition devait servir d'exemple à ces mêmes enfants d'Israël; parce que, bien que les uns et les autres fussent pécheurs et par conséquent appartinssent à la même masse, il fallait cependant traiter différemment ceux qui s'étaient multipliés dans la foi en un seul Dies. « Il a donc supporté avec une patience extrême les vases de colère propres à être détruits. » Par ces mots « avec un patience extrême, » l'Apôtre indique assez les anciennes iniquités que Dieu avait supportées chez eux, pour s'en venger dans l'occasion, quand leur punition devait contribuer au salut de ceux qu'il fallait délivrer. « Afin de manifester les richesses de sa gloire sur les vases de miséricorde, qu'il a préparés pour la gloire. » Peut-être ceci te trouble-t-il et reviens-tu à dire : « Il a pitié de qui il veut et il endurcit qui il veut. De quoi se plaint-il encore ? car qui résiste à sa volonté 1 ? » Certainement il a pitié de qui il veut, et il endurcit qui il veut; mais cette volonté de Dieu ne peut être injuste ; car elle a son origine dans des mérites très-secrets. Et les pécheurs eux-mêmes, quoiqu'ils appartiennent à la même masse par la communauté du crime, ont cependant entre eux des différences. Il y a donc dans les uns quelque chose qui les rend d'avance dignes de la justification, bien qu'ils ne soient pas encore justifiés; et chez d'autres, ils se trouve aussi quelque chose qui leur mérite l'endurcissement. Aussi le même Apôtre dit-il ailleurs : « Parce qu'ils n'ont pas montré qu'ils avaient la connaissance des Dieu, Dieu les a livrés à un sens réprouvé 2. » Dieu les a livrés à un sens reprouvé, c'est-à-dire il a endurci le cœur de Pharaon ; parce qu'ils n'ont pas montré qu'ils avaient la connaissance de Dieu ; c’est-à-dire qu'ils ont ainsi mérité d'être livrés à un sens reprouvé.
