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Ceux qui prétendent que le Fils n'est point égal au Père, citent souvent le texte de l'Apôtre: « Et lorsque tout lui aura etc soumis, « alors le Fils lui-même sera soumis à Celui qui lui a soumis toute choses. » En effet ils ne pourraient cacher aucune erreur sous le voile du christianisme, s'ils ne l'appuyaient sur quelques textes des Ecritures mal compris. Ils disent donc: si le Fils est égal au Père, comment lui sera-t-il soumis ? Ce qui revient à cette autre question de l'Evangile : si le Fils est égal au Père, comment le Père est-il plus grand que lui? Car le Seigneur a dit lui-même: « Parce que mon Père est plus grand que moi 1. » Or la règle de la foi catholique est que, chaque fois qu'il est dit dans l'Ecriture que le Fils est moins grand que le Père, cela doit s'entendre du Fils entant qu'homme, et que, quand il est dit son égal, cela doit s'entendre du Fils en tant que Dieu. On comprend maintenant le sens de ces paroles: « Mon Père est plus grand que moi, » et: « Moi et mon Père nous sommes un 2; » puis: « le Verbe était Dieu, » et: « le Verbe a été fait chair; 3 » puis encore: « Il n'a pas cru que ce fût une usurpation de se faire égal à Dieu, « mais il s'est anéanti lui-même, prenant la forme d'esclave 4. »
Mais comme souvent, en dehors du fait de l'Incarnation, on parle de ce qui est propre à la personne seulement, et que le Père est simplement le Père, et le Fils le Fils : les hérétiques s'imaginent que dans ces passages ainsi entendus, il ne peut être question d'égalité. Il est écrit, disent-ils : « Tout a été fait par lui 5; » oui, par l'entremise du Fils, du Verbe de Dieu: mais qui a tout fait, si ce n'est le Père? Or on ne lit nulle part que le Fils ait rien fait par le Père. De même il est écrit que le Fils est l'image du Père, 6 et on ne lit nulle part que le Père soit l'image du Fils. Puis l'un engendre, l'autre est engendré; puis encore bien d'autres expressions de ce genre, qui ne se rapportent point à l'égalité de substance, mais à la propriété des personnes. Et comme ces hérétiques prétendent qu'il ne peut y avoir d'égalité dans les personnes, parce que leurs esprits trop grossiers, sont incapables de pénétrer ces questions, il faut les écraser sous le poids de l'autorité. Si en effet il n'était pas possible d'admettre l'égalité des personnes : de celui par qui tout a été fait et de celui qui a tout fait, de l'image et du type, de l'engendré et de celui qui engendre: l'Apôtre n'aurait pas dit, pour fermer la bouche à des disputeurs opiniâtres: « Il n'a pas cru que ce fût une usurpation de se faire égal à Dieu. »
