CHAPITRE XXVII. CONTINUATION DU MÊME SUJET.
Nous lisons, dans Isaïe : « Je suis le Seigneur Dieu qui donne la paix et s’établis les maux1 ». Ce texte s'explique par les mêmes règles que le précédent. Ce qui choque Adimantus, ce n'est pas que Dieu dise: Je donne la paix, mais c'est qu'il dise : J'établis les maux. L'Apôtre, dans un seul passage, a traité largement cette double question : « Vous reconnaissez donc la bonté et la sévérité de Dieu; sa sévérité à l'égard de ceux qui ont tombés; sa bonté à votre égard si vous persévérez dans le bien ; autrement vous périrez vous-même, tandis que si les autres renoncent à leur iniquité, ils seront consolidés. En effet, Dieu peut de nouveau les enter dans le bien2 ». Ces paroles nous révèlent d'abord la bonté de Dieu, de laquelle Isaïe a dit : Je suis le Dieu qui établis la paix ; et ensuite sa sévérité J'établis les maux. Il affirme aussi qu'il dépend de notre volonté de mériter d'attirer sur nous ou cette bonté ou cette sévérité. Ce passage d'Isaïe, quoi qu'en dise Adimantus, ou plutôt malgré ses désirs, n'offre donc aucune contradiction avec ces paroles du Sauveur : « Bienheureux les pacifiques, parce qu'ils seront appelés les enfants de Dieu3 ». Il a dû lui-même savoir qu'Isaïe regardait les enfants de Dieu comme amis de la paix, puisque c'est par son organe que le Seigneur a dit : « C'est moi qui donne la paix » ; mais comme il a voulu se tromper sur l'autre partie, du texte, il s'est lui-même jeté dans le plus profond aveuglement. C'est absolument comme si un autre aveugle voulant montrer la bonté de l'Ancien Testament, alléguait ces paroles : « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais sa conversion et sa vie4 ». Et pour prouver que le Nouveau Testament est mauvais, il alléguerait ce passage : « Allez au feu éternel, qui a été préparé au démon et à ses anges5 ». — Est-ce que tombant lui-même dans la fosse il n'y précipiterait pas du même coup tous ceux qui marcheraient sur ses traces, tous ceux qui ignorent les saintes Écritures et se trouvent bien de cet aveuglement? Il suffit donc de lire avec un oeil droit et chrétien pour trouver dans le Nouveau Testament ce qu'ils reprochent à l'Ancien, et dans l'Ancien ce qu'ils approuvent dans le Nouveau.
