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Nous lisons dans le Deutéronome : « Tuez selon vos désirs, et mangez toute sorte de viande, selon le plaisir que le Seigneur a déposé en vous. Mais gardez-vous de manger le sang et répandez-le sur la terre comme une eau ordinaire1 ». A ces paroles de la Loi, Adimantus oppose cette sentence du Sauveur : « Que vos coeurs ne se laissent pas appesantir par la gourmandise, par l'ivrognerie et par les soucis du siècle2 », et cette autre de saint Paul : « Il est bon de ne pas manger de viande et de ne pas boire de vin3 »; ou bien encore : « Vous ne pouvez participer en même temps à la, table du Seigneur et à celle des démons4». Notre opinion à nous, c'est que ces passages soit de l'Ancien, soit du Nouveau Testament, ont tous eu leur raison d'être, et on ne peut trouver entre eux aucune opposition. Il est certain d'abord que les paroles de l'Ancien Testament ne sont pas une invitation aux excès de la bouche, car ces mots : « Tuez selon vos désirs et mangez toute sorte de viande », sont aussitôt suivis de cette restriction : « Selon le plaisir que Dieu vous a donné ». Or, en restant dans les bornes que Dieu lui a fixées, ce plaisir, loin d'être immodéré, n'est que suffisant pour nous amener à pourvoir à notre sustentation et à notre santé. Se livrer à des excès, c'est donc obéir à ses propres passions, plutôt qu'au plaisir que Dieu nous a donné. Dès lors cette maxime se concilie parfaitement avec cette sentence de l'Evangile : « Ne laissez pas vos coeurs s'appesantir dans la gourmandise, la débauche et les soins du siècle ». Se borner à satisfaire le plaisir que Dieu nous a donné, plaisir modeste et naturel, ce n'est pas appesantir son coeur dans la gourmandise, l'ivrognerie et les sollicitudes mondaines.
