La bonne intention.
Il est des actions indifférentes en elles-mêmes. Il faut juger de la moralité d'après la fin qu'on a eue en vue.
La fin prochaine et la fin éloignée : la fin prochaine est un moyen d'atteindre un but plus lointain.
On doit remonter jusqu'à la fin dernière.
La fin dernière du chrétien est la charité.
Le Sage nous dit dans l'Ecclésiaste, qu'il y a un temps pour toutes choses, pour le bien et pour le mal, et pour tout ce qui paraît heureux ou malheureux dans le monde. Toutes choses ont leur temps, dit-il, et tout ce qui est sous le ciel a un temps qui lui est propre. Il y a un temps de naître, et un temps de mourir, un temps de planter, et un temps d'arracher ce qui est planté, un temps de tuer, et un temps de guérir…
Et il conclut ensuite : « Parce que chaque action a son temps ». Il n'appelle rien de bon dans tout ce qu'il a nommé, que lorsqu'il se fait dans le temps propre qui lui a été prescrit. D'où il suit qu'une chose qui serait bonne, parce qu'elle aurait été faite dans son temps, deviendrait ensuite inutile et même dangereuse, parce qu'elle aurait été faite à contre-temps. Il faut excepter de ce nombre ce qui est bon ou mauvais par soi-même, et qui par conséquent est immuable, comme est la justice, la prudence, la force, la tempérance et les autres vertus; et comme sont au contraire tous les vices opposés à ces vertus, parce qu'il est impossible que les vertus ne soient pas toujours des biens, et que les vices ne soient pas toujours des maux. Pour les autres choses qui étant indifférentes d'elles-mêmes, ne sont déterminées que par l'usage qu'on en fait, elles ne demeurent pas toujours les mêmes, mais elles deviennent ou utiles ou dangereuses, selon les circonstances du temps, ou les dispositions et les qualités des personnes. (Coll., XXI, 12. P. L., 49, 1185.)
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Je vous ai déjà montré, dit l'abbé Joseph, qu'en toutes choses, il ne faut pas tant considérer l'action que la volonté et qu'il ne faut pas s'informer d'abord de ce qu'a fait un homme, mais de l'intention qu'il a eue. Cela est si vrai, que nous voyons que des personnes ont été damnées pour des choses dont il est arrivé de grands biens, et d'autres au contraire, ayant fait des actions dignes de blâme, n'ont pas laissé d'acquérir une parfaite justice. Celui donc qui fait une chose avec très mauvaise intention, n'est pas moins coupable, quoiqu'elle réussisse après heureusement, puisqu'il n'avait pas dans l'esprit le bien qui en naît, mais le mal qu'il voulait faire ; comme au contraire celui qui a une intention sainte, et qui fait ce qui était nécessaire, ne perd pas le fruit de son action, quoiqu'il se mélo dans le principe quelque chose qui mérite d'être blâmé, parce qu'il ne s'y engage pas par un dessein de pécher et de violer le commandement de Dieu, mais seulement par une rencontre d'une nécessité inévitable. (Coll., XVll, 11. P. G., 49, 1057.)
