La loi naturelle et la loi créée.
Dieu en créant l'homme, répandit en même temps dans son coeur toute la connaissance de la loi, S'il eût toujours été fidèle à l'observer, comme il avait commencé et comme Dieu l'exigeait de lui, il n'eût pas été nécessaire de lui en donner une autre, ni de la lui graver sur des tables, car elle était assez gravée dans son âme ; et cette loi extérieure eût été fort superflue au dehors; puisque la loi intérieure eût été encore entière au dedans. Mais parce que la licence et l'habitude du crime corrompirent bientôt cette loi de la nature dans l'homme, il fallut la renouveler et la rétablir; pour user des termes de l'Ecriture, il fallut l'aider par cette loi de Moïse, si sévère et si exacte, afin qu'au moins l'appréhension d'une peine présente, empêchât l'homme d'éteindre entièrement cette lumière naturelle, qu'il n'avait eu encore effacer. (Coll., VIII, 24. P. L., 49, 784)
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Lorsque Dieu créa l'homme, il lui inspira quelque chose de divin, savoir un sentiment intérieur, comme une étincelle, un feu et une lumière pour éclairer sa raison et lui donner la puissance de discerner le bien d'avec le mal; ce qui est la loi naturelle et te qui s'appelle la conscience. Nous en voyons . une figure, selon l'application que nos pères ont faite des puits qui avaient été creusés par Jacob et qui furent comblés par les Philistins.
Les patriarches et tous les sainte avant la loi écrite, se gouvernant par le mouvement de leur conscience, eurent le bonheur de servir Dieu et de lui plaire. Mais les hommes ayant comme étouffé et détruit cette conscience par la grandeur et le nombre de leurs péchés, nous avons eu besoin des saints prophètes; nous avons eu besoin que Jésus-Christ lui-même notre Seigneur et notre Roi descendit sur la terre pour rallumer, pour faire revivre par l’observation de sa Sainte Loi, cette étincelle qui était presque toute morte et toute éteinte. Il est donc en notre puissance, ou bien de l'étouffer encore de nouveau, ou de faire en sorte qu'elle frappe nos yeux et qu'elle nous éclaire pourvu que nous nous laissions conduire par sa lumière et par ses impressions. Car lorsque notre conscience nous inspire de faire une chose et que nous négligeons de la faire, et qu'elle nous défend d'en faire une autre, et que nous la faisons, cela s'appelle enfouir sa conscience, et la couvrir de terre et elle ne peut plus, ni nous rien dire ni se faire entendre clairement, à cause de la charge et de la pesanteur dont elle est opprimée, ainsi qu'une lumière au travers d'un vase obscur, ne nous fait voir les objets que d'une manière sombre et ténébreuse et de même qu'il n'est pas possible de reconnaître son visage dans une eau troublée par les ordures qu'on y a mises; ainsi la transgression des préceptes nous empêche tellement d'apercevoir ce que nous dicte notre conscience, qu'il s'en faut peu que nous ne nous imaginions l'avoir entièrement perdue. Car il n'y a personne en qui elle soit entièrement détruite; parce que, selon que nous avons déjà dit, elle est quelque chose de divin qui subsiste toujours dans le fond de nos âmes et qui ne manque jamais de nous avertir de nos devoirs et de nos obligations. (Dorothée, III. P. G., 88, 1652.)
