2.
Si en effet notre enseignement affirmait que la divinité a pris naissance parmi ce qui a été défendu, il faudrait fuir l'absurdité d'une doctrine qui n'exposerait sur la nature divine aucune idée sensée ; mais si, à l'en croire, Dieu est entré en contact avec notre nature, qui tenait de lui à la fois sa première origine et le principe de son existence, en quoi la religion que nous prêchons manque-l-elle à l'idée qu'on doit se faire de Dieu, puisqu'aucun état de faiblesse ne trouve place avec la foi dans nos idées sur Dieu ? Car nous ne disons pas davantage du médecin qu'il tombe malade, quand il soigne le malade; mais même s'il prend contact avec la maladie, celui qui la soigne reste exempt de mal.
[3] La naissance n'est pas en soi une infirmité, un mal, et on ne saurait appliquer à la vie le qualificatif d'infirmité. C'est l'infirmité attachée à la volupté qui détermine la naissance de l'homme, et l'impulsion qui entraîne au mal les êtres vivants, est une maladie de notre nature ; Dieu au contraire, suivant le mystère de notre religion, est exempt de l'un et de l'autre. Si donc la naissance a été exempte de volupté, et si la vie a été exempte de vice, quelle infirmité subsiste-t-il qui ait été partagée par Dieu, suivant le mystère de notre sainte religion ?
[4] Et si notre adversaire traite d'infirmité la dissociation de l'âme et du corps, il serait juste qu'il donnât bien auparavant ce même nom à la réunion des deux éléments. Car si la séparation des éléments qui étaient unis est une infirmité, l'union des éléments qui étaient séparés en est également une; il y a changement, en effet, dans l'assemblage de ce qui était séparé, comme dans la dissociation des éléments qui étaient entrés en contact, et avaient formé un tout.
[5] Le nom qu'on donne au changement final est précisément celui qui convient aussi au changement initial. Mais si le premier changement accompli, celui que nous appelons naissance, n'est pas une infirmité, on ne saurait non plus traiter logiquement d'infirmité le second changement, celui que nous nommons mort, et dans lequel se dissout l'union du corps et de l'âme.
